Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/103

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lancée par une mine lui traversa le crâne, lésant seulement la région pré-frontale. Il guérit et survécut douze ans et demi à cet accident ; mais voici ce qui est rapporté de l’état mental du patient après sa guérison. « Ses patrons, qui le considéraient comme un de leurs meilleurs et de leurs plus habiles conducteurs de travaux avant son accident, le trouvèrent tellement changé qu’ils ne purent lui confier de nouveau son ancien poste. L’équilibre, la balance entre ses facultés intellectuelles et ses penchants instinctifs semblent détruits. Il est nerveux, irrespectueux, jure souvent de la façon la plus grossière : ce qui n’était pas dans ses habitudes auparavant. Il est à peine poli avec ses égaux ; il supporte impatiemment la contradiction, n’écoute pas les conseils lorsqu’ils sont en opposition avec ses idées. À certains moments, il est d’une obstination excessive, bien qu’il soit capricieux et indécis. Il fait des plans d’avenir qu’il abandonne aussitôt pour en adopter d’autres. C’est un enfant pour l’intelligence et les manifestations intellectuelles, un homme pour les passions et les instincts. Avant son accident, bien qu’il n’eût pas reçu d’éducation scolaire, il avait l’esprit bien équilibré, et on le considérait comme un homme habile, pénétrant, très énergique et tenace dans l’exécution de ses plans. À cet égard, il est tellement changé que ses