chaque accès avec un parfait automatisme. Marie de Mœrl, Louise Lateau en sont des exemples bien connus.
L’autre catégorie est celle de l’extase en repos. L’idée seule règne, d’ordinaire abstraite ou métaphysique : Dieu pour sainte Thérèse et Plotin, mieux encore le nirvâna des bouddhistes. Les mouvements sont supprimés ; on ne sent plus « qu’un reste d’agitation intérieure ».
Remarquons en passant combien ceci s’accorde avec ce qui a été dit précédemment : qu’avec les idées abstraites la tendance au mouvement est à son minimum ; que ces idées étant des représentations de représentations, de purs schémas, l’élément moteur s’affaiblit dans la même mesure que l’élément représentatif.
Mais dans l’un et l’autre cas l’état mental de l’extase est une infraction complète aux lois du mécanisme normal de la conscience. La conscience n’existe que sous la condition d’un changement perpétuel ; elle est essentiellement discontinue. Une conscience homogène et continue est une impossibilité. L’extase réalise tout ce qui est possible dans cette continuité ; mais sainte Thérèse vient de nous le dire : ou bien la conscience disparaît, ou bien l’entendement et la mémoire — c’est-à-dire la discontinuité — reviennent par moments et ramènent la conscience.