Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/148

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actes ? Comment y aurait-il choix, puisque le choix suppose l’existence de ce tout complexe qu’on nomme le moi qui a disparu ; puisque, la personnalité étant réduite à une idée ou à une vision unique, il n’y a point d’état qui puisse être choisi, c’est-à-dire incorporé au tout, à l’exclusion des autres ; puisque, en un mot, il n’y a rien qui puisse choisir, rien qui puisse être choisi ? Autant vaudrait supposer une élection sans électeurs ni candidats.

L’action aussi est tarie dans sa source, anéantie. Il n’en subsiste que les formes élémentaires (mouvements respiratoires, etc.), sans lesquelles la vie organique serait impossible. Nous avons ici un cas curieux de corrélation ou d’antagonisme psychologique : tout ce qu’une fonction gagne est perdu par une autre ; tout ce qui est gagné par la pensée est perdu par le mouvement. À cet égard, l’extase est le contraire des états où la motilité triomphe, tels que l’épilepsie, la chorée, les convulsions. Ici, maximum de mouvements avec minimum de conscience ; là, intensité de la conscience, avec minimum de mouvement. Il n’y a, à chaque moment, qu’un certain capital nerveux et psychique disponible ; s’il est accaparé par une fonction, c’est au détriment des autres. L’accaparement dans un sens ou dans l’autre dépend de la nature de l’individu.