Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/187

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faiblesse de la volonté. L’humeur de ces individus dépend de leur entourage et des traitements dont ils sont l’objet : dociles et obéissants quand on en prend soin, méchants et malicieux quand on les maltraite[1]. »

Avant d’en finir avec ce sujet, nous ferons encore remarquer que si la volonté est une coordination, c’est-à-dire une somme de rapports, on peut prédire à priori qu’elle se produira beaucoup plus rarement que les formes plus simples d’activité, parce qu’un état complexe a beaucoup moins de chances de se produire et de durer qu’un état simple. Ainsi vont les choses en réalité. Si l’on compte dans chaque vie humaine ce qui doit être inscrit au compte de l’automatisme, de l’habitude, des passions et surtout de l’imitation, on verra que le nombre des actes purement volontaires, au sens strict du mot, est bien petit. Pour la plupart des hommes, l’imitation suffit ; ils se contentent de ce qui a été de la volonté chez d’autres, et, comme ils pensent avec les idées de tout le monde, ils agissent avec la volonté de tout le monde. Prise entre les habitudes qui la rendent inutile et les maladies qui la mutilent ou la détruisent, la volonté est, ainsi que nous l’avons dit plus haut, un accident heureux.

  1. Griesinger, Traité des maladies mentales, trad. franç., p. 433, 434. Pour une étude complète de la question consulter l’ou-