Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/49

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Lorsqu’on les abandonne à eux-mêmes, ils passent des journées entières dans leur lit ou sur une chaise. Quand on leur parle et qu’on les excite, ils s’expriment convenablement, quoique d’une manière brève : ils jugent assez bien des choses[1]. »

Comme les malades chez qui l’intelligence est intacte sont les plus intéressants, nous ne citerons que des cas de ce genre. L’une des plus anciennes observations et la plus connue est due à Esquirol :

« Un magistrat, très distingué par son savoir et la puissance de sa parole, fut, à la suite de chagrins, atteint d’un accès de monomanie… Il a recouvré l’entier usage de sa raison ; mais il ne veut pas rentrer dans le monde, quoiqu’il reconnaisse qu’il a tort ; ni soigner ses affaires, quoiqu’il sache bien qu’elles souffrent de ce travers. Sa conversation est aussi raisonnable que spirituelle. Lui parle-t-on de voyager, de soigner ses affaires : je sais, répond-il, que je le devrais et que je ne peux le faire. Vos conseils sont très bons, je voudrais suivre vos avis, je suis convaincu, mais faites que je puisse vouloir, de ce vouloir qui détermine et exécute. — Il est certain, me disait-il un jour, que je

  1. Guislain, Leçons orales sur les phrénopathies, tome I, p. 479, p. 46 et p. 256. Voir aussi Griesinger, Traité des maladies mentales, p. 46 ; Leubuscher, Zeitschrift für Psychiatrie, 1847.