Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/50

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n’ai de volonté que pour ne pas vouloir ; car j’ai toute ma raison ; je sais ce que je dois faire ; mais la force m’abandonne lorsque je devrais agir[1]. »

Le médecin anglais Bennett rapporte le cas d’un homme « qui fréquemment ne pouvait pas exécuter ce qu’il souhaitait. Souvent, il essayait de se déshabiller et restait deux heures avant de pouvoir tirer son habit, toutes ses facultés mentales, sauf la volition, étant parfaites. Un jour, il demanda un verre d’eau ; on le lui présente sur un plateau, mais il ne pouvait le prendre, quoiqu’il le désirât ; et il laissa le domestique debout devant lui pendant une demi-heure, avant de pouvoir surmonter cet état. « Il lui semblait, disait-il, qu’une autre personne avait pris possession de sa volonté[2]. »

Un auteur qu’il faut toujours citer pour les faits de psychologie morbide, Th. de Quincey, nous a décrit d’après sa propre expérience cette paralysie de la volonté. L’observation est d’autant plus précieuse qu’elle est due à un esprit subtil et à un écrivain délicat.

Par l’abus prolongé de l’opium, il dut abandonner des études qu’il poursuivait autrefois avec un grand intérêt. Il s’en éloignait avec un sentiment d’impuissance et de faiblesse enfan-

  1. Esquirol, I, 420.
  2. Bennett, ap. Carpenter, Mental Physiology, p. 385.