Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/79

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même dans l’effort musculaire, le siège de la fatigue est dans les centres nerveux qui ordonnent la contraction, non dans les muscles ; qu’il y a un épuisement nerveux, non un épuisement musculaire. Dans les contractions réflexes, il n’y a pas de fatigue perçue. Chez les hystériques, on voit des contractures persister presque indéfiniment, sans que le patient éprouve le moindre sentiment de lassitude ; c’est donc l’effort volontaire qui fatigue et non le raccourcissement du muscle[1].

Sauf notre ignorance, nous n’avons donc aucune raison d’attribuer à l’effort volitionnel un caractère à part. Dans tous les cas où cet effort doit se produire, les éléments nerveux sont-ils capables de fournir un surcroît de travail pendant une période donnée ? ou bien, par nature, par défaut d’éducation et d’exercice, sont-ils vite épuisés et incapables de recouvrer de nouvelles forces ? Ont-ils, oui ou non, une quantité suffisante de force disponible emmagasinée en eux ? Le problème de l’action dans le sens de la plus grande résistance est réduit là à ses derniers termes. C’est ce travail caché, presque inconnu, qui se traduit par le sentiment de l’effort volitionnel. Le sentiment de l’effort

  1. Richet, Physiologie des nerfs et des muscles, p. 477-490. — Delbœuf, Étude psychophysique, p. 92 et suiv. dans les Éléments de psychophysique, t. I.