Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/80

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sous toutes ses formes est donc un état subjectif qui correspond à certains événements accomplis dans les centres nerveux et d’autres parties de l’organisme, mais qui leur ressemblent aussi peu que les sensations de son et de lumière ressemblent à leur cause objective. Pour être capable de grands efforts musculaires, il faut que les centres nerveux adaptés soient en état de produire un travail considérable et prolongé : ce qui dépend de leur nature et de leur rapidité à réparer les pertes. Pour produire un grand effort moral ou intellectuel, il faut de même que les centres nerveux adaptés (quels qu’ils soient, et notre ignorance à cet égard est à peu près complète) soient en état de produire un travail intense et répété, au lieu de s’épuiser à bref délai et sans retour. La possibilité de l’effort est donc, en dernière analyse, un don naturel.

Prenons, pour être moins vague, l’exemple vulgaire d’un homme vicieux. Si jamais dans sa vie, de lui-même ou sous l’influence des autres, il n’a éprouvé quelque velléité de conversion (en supposant que ce cas se rencontre), c’est que les éléments moraux avec les conditions physiologiques correspondantes lui font complètement défaut. Si dans une circonstance quelconque l’idée de se corriger surgit en lui, remarquons d’abord que cet événement est involontaire ; mais il suppose la préexistence et