Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/92

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l’esprit (ch. VII, p. 330 et suiv.) a recueilli un si ample choix d’exemples que le mieux est d’y renvoyer le lecteur.

Toutes ces tendances fatales classées sous les noms de dipsomanie, kleptomanie, pyromanie, érotomanie, monomanie homicide et suicide, ne sont plus considérées aujourd’hui comme des formes morbides distinctes, mais comme les manifestations diverses d’une seule et même cause : la dégénérescence, c’est-à-dire l’instabilité et l’incoordination psychologiques. Rien de plus fréquent que la métamorphose d’une impulsion en une autre, de l’homicide en suicide ou inversement. Dans un très beau cas rapporté par Morel (Maladies mentales, p. 420), on voit un dégénéré qui est entraîné tour à tour au suicide, à l’homicide, aux excès sexuels, à l’alcoolisme, aux tentatives incendiaires. Il serait curieux pour le psychologue de savoir pourquoi la cause unique se manifeste par des effets si divers, ici d’une manière et là d’une autre ; pourquoi l’épileptique est plutôt voleur, l’imbécile incendiaire, etc. Il semble que la raison dernière de ces diversités se trouve dans l’idiosyncrasie du dégénéré, dans sa constitution physique et mentale[1]. La solution de ce problème n’importe pas ici. Il suffit de noter que

  1. Sur ce point voir Schüle, Maladies mentales, trad. franç., tome II, p. 423.