Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/96

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et toutes les parties mobiles de son corps, à force de tâtonnements et d’essais, en combinant les mouvements appropriés et en supprimant les mouvements inutiles. Il faut que les groupes simples ainsi formés soient combinés en groupes complexes, ceux-ci en groupes encore plus complexes, et ainsi de suite. Dans l’ordre psychologique, une opération analogue est nécessaire. Rien de complexe ne s’acquiert d’emblée.

Mais il est bien clair que, dans l’édifice ainsi construit peu à peu, les matériaux primitifs sont seuls stables, et qu’à mesure que la complexité augmente la stabilité décroît. Les actions les plus simples sont les plus stables — pour des raisons anatomiques, parce qu’elles sont congénitales, inscrites dans l’organisme ; — pour des raisons physiologiques, parce qu’elles sont perpétuellement répétées dans l’expérience de l’individu, et, si l’on veut faire intervenir l’hérédité, qui ouvre un champ illimité, dans les expériences sans nombre de l’espèce et des espèces[1].

  1. Le pouvoir volontaire étant constitué lorsqu’à certains états de conscience obéissent certains groupes de mouvements, on peut citer à titre de cas pathologique le fait rapporté par Meschede (Corrrespondenz Blatt, 1874, II) d’un homme qui « se trouvait dans cette singulière condition que, lorsqu’il voulait faire une chose, de lui-même, ou sur l’ordre des autres, lui ou plutôt ses muscles faisaient juste le contraire. Voulait-il regarder à droite, ses yeux se tournaient à gauche, et cette anomalie