Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 12.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
97
BIBLIOGRAPHIE. — PETER KNOODT. Anton Günther.

sophie et de droit et vice-directeur de l’Institut (Lehranstalt) philosophique. Il avait été nommé, à Munich, académicien étranger dans la section de philosophie et de philologie, sur la proposition de Lasaulx. En 1831, Gœrres fit son possible pour le déterminer à accepter la chaire de théologie morale à la Faculté de cette ville. L’évêque de Ratisbonne (I. 280) lui avait écrit dans le même sens, au nom du roi de Bavière. Puis de Berlin on lui fit des propositions (novembre 1831) pour une chaire soit à Bonn, soit à Breslau. Il craignit toujours de voir son indépendance compromise. Ce fut le président, Hammer Purgstall, qui l’empêcha d’être reçu à l’Académie de Vienne, disant qu’un homme qui croyait au purgatoire ne devait pas figurer dans la docte assemblée (II, 447). Günther plaisante agréablement là-dessus : « Si toute la catholicité actuelle ne peut utiliser ce que j’ai acquis au prix de tant d’efforts, l’intelligence du christianisme positif, elle pourra me servir de passeport à la porte de l’éternité. Peut-être même serait-il possible que cette intelligence m’aidât à obtenir une chaire dans le purgatoire des philosophes allemands, chaire à laquelle j’ai aspiré vainement toute ma vie. Si cet honneur m’échoit, je commencerai ma première leçon (purgalorische Vorlesung) par ce renseignement rapporté du monde d’en haut, que ma pauvre personnalité (Unsereiner) a été proposée un jour à l’Académie de Vienne par un certain nombre de membres, mais que le président, etc. »

Nous voyons quelle autorité philosophique Günther avait en Allemagne. Il connaissait à fond le chef du criticisme et ses successeurs. Dans leur correspondance, ses amis, Baltzer, Knoodt, Croy. Trebisch, Ebrlich, Veitb, Greif, Nickes (le bénédictin établi en Italie)[1], sont sans cesse attentifs à ce qui venait de paraître dans le domaine de la littérature ecclésiastique ou philosophique. Ici, il s’agit de Hegel, là de Schelling, ailleurs de Feuerbach, de Herbart ou de Schopenhauer. « Je sors du bain de boue (Schlammbad) du matérialisme, » dit-il quelque part, en venant de lire un des livres de ce dernier. Dans son autobiographie, il cite, parmi les ouvrages qui exercèrent une influence décisive sur lui, le Dictionnaire de la philosophie de Kant par Lossius et les considérations d’Adam Müller, qu’il connut personnellement, sur la différence de l’idée et du concept l’idée (Idee und Begriff) dans son Nouveau droit politique (Staalsrecht). Il avait passé un instant bar le déterminisme, sous l’influence d’un M. de Klotz, chez le quel il était alors précepteur, et à la suite de la lecture des Idées de Herder sur la philosophie de l’histoire, où ce qu’on a appelé depuis l’influence du milieu joue un si grand rôle. De bonne heure aussi, il se familiarisa avec l’âme du monde de Schelling et avec son système naturaliste. Enfin il mentionne encore avec éloge parmi ses lectures d’alors les Ansichten von der Nachiseite der Naturwissenchaften de Schubert (I, 89).

  1. Ils sont énumérés tous. I, 286.