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PÈRIODIQUES.Zeitschrift für Philosophie.

Schuppe : Le système de la logique fondée sur la théorie de la connaissance.

Schuppe, pour prévenir ou dissiper les malentendus auxquels il se plaint que sa logique ait donné lieu, nous présente lui-même une analyse développée de son livre, s’attachant à en mettre en pleine lumière le dessein original et le plan. On sait déjà qu’il s’y propose surtout de démontrer que la logique ne peut construire une doctrine satisfaisante de l’affirmation, du jugement et du raisonnement, sans s’appuyer sur une solide théorie de la connaissance.

Eugène Westerburg : La critique faite par Schopenhauer de la théorie kantienne des catégories (1er article).

Westerburg estime que la critique de Schopenhauer renferme les objections les plus décisives qui aient encore été dirigées contre la théorie kantienne des catégories. Elle est malheureusement déparée et nécessairement affaiblie par certaines inconvenances de langage, que rien ne saurait excuser lorsqu’il s’agit d’un Kant, et aussi par des malentendus et des erreurs graves. L’opposition fondamentale des deux philosophes au sujet de la théorie de la connaissance repose sur leur conception diamétralement opposée du rôle de la sensibilité, de l’entendement et de la raison. Schopenhauer rapporte à l’entendement ce que Kant attribue à la sensibilité ; et à la raison, ce qui, pour son devancier, est l’œuvre exclusive de l’entendement. Selon Schopenhauer, la sensibilité nous fournit les intuitions ; l’entendement élabore les concepts et les jugements. Schopenhauer ne rapporte à la sensibilité que les impressions purement subjectives (Empfindungen) : les intuitions empiriques sont toutes l’œuvre, plus ou moins instinctive, de l’entendement gouverné par le principe de causalité. Les opérations discursives, auxquelles nous devons les concepts et les jugements abstraits, sont, comme les raisonnements, des fonctions de la raison. C’est l’originalité incontestable de Schopenhauer d’avoir, le premier, montré que le monde sensible tel que la pensée vulgaire le perçoit, avant toute intervention de la science, avant l’application de nos facultés discursives, est déjà le produit, lentement bien qu’inconsciemment élaboré, de la faculté qui nous porte invinciblement à rattacher les effets à leurs causes. Dès son premier écrit, l’ingénieux essai sur la quadruple racine du principe de raison suffisante, Schopenhauer est pénétré de cette importante vérité. Il la reprend, et la commente avec une rare érudition scientifique, dans son second écrit Sur la vue et les couleurs. L’optique d’Helmholtz, comme l’a si bien démontré Zoellner, dans son livre Sur les comètes, s’inspire de Schopenhauer, beaucoup plus qu’elle ne l’avoue, dans l’analyse judicieuse à laquelle elle soumet les perceptions les plus élémentaires. Schopenhauer est conduit, par sa théorie, à réduire toutes les catégories au seul principe de causalité. Westerburg n’hésite pas à lui donner raison sur ce point. Il va même us qu’à trouver que Kant n’a pas réussi, dans sa déduction transcen-