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dantale, à démontrer à priori la vérité de la loi de la causalité, et que Schopenhauer seul l’a fait avec succès, grâce à sa découverte du caractère intellectuel de l’intuition.

Ribot : La psychologie allemande contemporaine.

Lasson rend justice à l’exactitude et à la clarté du livre : mais il s’élève vivement contre la séparation de la psychologie et de la métaphysique, et contre la méthode physiologique de la psychologie nouvelle, Malgré les découvertes tant célébrées de la psycho-physique, l’origine de notre représentation de l’étendue est toujours aussi discutée, « La loi psychophysique de Fechner ne fait plus illusion qu’à son auteur. » Nous ne savons rien de plus qu’auparavant sur la transformation de l’excitation nerveuse en sensation. On voit, par les critiques passionnées de Lasson, que la psychologie sans âme est loin d’avoir triomphé de toutes les oppositions.

Penjon : Berkeley, sa vie et ses œuvres.

Lasson loue l’habile parti que l’auteur a su tirer des recherches de Fraser ; mais rend justice en même temps au talent d’exposition et à l’originalité critique de l’historien et du penseur, Il ne trouve à reprocher à Penjon qu’une disposition, bien excusable sans doute, à surfaire le mérite et l’œuvre de Berkeley.

E. Joyau : De l’invention dans les arts, dans les sciences et dans la pratique de la vertu.

Cet estimable travail pèche surtout, aux yeux de Lasson, par un goût trop accusé pour les règles abstraites. Les effets de l’imagination n’y sont pas décrits assez vivement ; et son action sur les autres facultés de l’esprit n’est que très incomplètement étudiée. On trouverait un utile complément sur ce point à l’œuvre de Joyau dans les écrits du second Fichte et de Frohschammer.

Rabus : Les nouvelles tentatives sur le terrain de la logique chez les Allemands, el la question logique (Erlangen. Deichert, 1880).

Ulrici se défend contre les objections adressées par Rabus à ses doctrines logiques ; et particulièrement à sa théorie du principe d’identité et de celui de contradiction, ainsi qu’à la transformation du principe de causalité en une simple fonction analytique de l’intelligence.

Edward Caird : A critical account of the Philosophy of Kant (Glasgow, Maclehose, 1877).

À côté des écrits de Mahaffy et d’Adamson, l’ouvrage de Caird, qui ne consacre pas moins de 673 pages au seul examen de la Critique de la raison pure, témoigne de l’intérêt croissant qui s’attache, au delà de la Manche, à la philosophie de Kant. Caird met à contribution tous les travaux des derniers temps ; mais il sait juger avec indépendance et