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NOTES ET DISCUSSIONS


LE SENTIMENT DE L’EFFORT

W. James. The feeling of effort.
In-4, Boston, 1880.

À l’occasion du cinquantième anniversaire de la Société des sciences naturelles de Boston, M. William James, professeur assistant de physiologie de l’Université d’Harvard, écrivain dont divers articles de psychologie ont été universellement remarqués, a publié un mémoire sur le sentiment de l’effort[1].

Son but est de présenter une théorie de la physiologie et de la psychologie de la volition, plus achevée et plus satisfaisante que toutes celles qu’il a pu encore rencontrer.

C’est là, à première vue, une promesse téméraire, Disons tout d’abord qu’elle a été tenue.

Je méditais depuis longtemps d’écrire quelques pages sur la liberté envisagée du point vue de la mécanique. L’apparition de l’opuscule de M. James a été pour moi l’occasion de réaliser en partie ce projet. Mon travail — abstraction faite de sa valeur intrinsèque — s’est trouvé répondre à deux questions soulevées par M. James. L’une a été exposée par lui, à ce qu’il me semble, d’une manière obscure, sinon fautive, tandis que son scepticisme laisse l’autre indécise, Ces deux questions, les voici : Le mouvement dit libre implique-t-il une création de force ? Y a-t-il des preuves mécaniques de l’existence des mouvements libres ? En les abordant, je ne me suis pas flatté du chimérique espoir de leur donner une solution qui satisfasse pleinement le lecteur ; mais j’ai osé compter que, dans sa bienveillance, il me saurait gré d’avoir, comme on dit, attaqué le taureau par les cornes, et d’avoir porté sur un terrain tout nouveau le problème du libre arbitre. Ce sera l’objet d’articles subséquents.

Pour le moment — et je ne saurais mieux commencer — je me bornerai à analyser et critiquer le mémoire de M. James. Ma critique portera sur deux points importants : Peut-on assimiler la croyance et la

  1. Il a été traduit presque en entier dans la Critique philosophique, nos 34, 35, 36, 89, 40, 41 et 45 de l’année 1880.