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CH. RICHET. — l’irritabilité cérébrale

les centres nerveux 0,05 de seconde. En général, la période latente est plus longue. Elle varie, suivant la taille, l’excitabilité, l’excitation, etc., entre 0,10 et 0,05 de seconde. Ce retard semble être dû à la substance grise ; car, si l’on détruit la couche périphérique du cerveau, non seulement il faut une excitation plus forte pour déterminer le mouvement, mais encore la réaction est beaucoup plus rapide. Tout se passe comme si la longue durée de la période latente était due à la lenteur des réactions physiologiques du tissu nerveux de l’écorce grise.

Schiff avait trouvé un temps perdu de 0,05 environ[1]. M. Exner a trouvé sur la grenouille un retard de 0,350 environ[2], et M. Langendorff[3] sur le même animal a obtenu presque le même chiffre.

Il est certain qu’il doit y avoir pour les différents animaux, et pour le même animal placé dans des conditions physiologiques différentes, une très grande diversité dans la rapidité de la réponse. Toutefois les chiffres cités ci-dessus sont assez concordants, et ils représentent évidemment une valeur moyenne très acceptable. Aussi peut-on bien admettre pour le temps perdu dans la substance cérébrale un chiffre voisin de 0,04 ou 0,05 de seconde. Or le temps perdu dans la fibre musculaire est de 0,007 à 0,01. Par conséquent, la réponse de la cellule nerveuse est cinq ou six fois plus lente que celle de la cellule musculaire. Ai-je besoin de rappeler que l’étude de l’action réflexe dans la moelle a amené à une conclusion analogue ?

Ainsi qu’on. peut le voir sur les tracés donnés par MM. Franck et Pitres, les mouvements consécutifs à l’excitation cérébrale sont plus prolongés que les mouvements musculaires déterminés par l’excitation directe du muscle. Nous reviendrons tout à l’heure sur ce fait important.

Un autre caractère de la réponse des centres nerveux à l’excitation, c’est la facilité avec laquelle les excitations antérieures semblent s’additionner. Le phénomène de l’addition latente, assez peu manifeste dans le muscle ou dans le nerf, est extrêmement marqué dans le tissu cérébral ; tout autant, sinon plus, que dans la moelle. Ainsi j’ai constaté qu’un courant électrique, au maximum de la bobine, était inefficace quand les excitations étaient isolées et séparées par un intervalle d’une seconde environ. Au contraire, ce

  1. Appendici alle lesioni sul sistemo encefalico, 1813, p. 529.
  2. Archives de Pfüger, t. VII, p. 832.
  3. Arch. f. An. u. Phys. 1879, p. 90.