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ANALYSES. — SCHMITZ-DUMONT. Die Einheit der Naturkræfte.

aura substitué dans l’explication des phénomènes de la nature une formule dualiste à une formule moniste que l’on aura retrouvé les conceptions spiritualistes.

T.

O. Schmitz-Dumont. — Die einheit der Naturkræfte und die deutung ihrer gemeinsamen Formel.L’unité des forces de la nature et la signification de leur formule générale. — Berlin, Carl Duncker, 1881. In-8, 168 pages, 5 planches de figures.

La Revue a déjà consacré deux articles spéciaux[1] à l’analyse et à la discussion des Eléments mathématiques de la théorie de la connaissance, par M. O. Schmitz-Dumont. La nouvelle brochure dont nous avons à rendre compte aujourd’hui développe et répète les mêmes idées en les appliquant particulièrement à l’explication des phénomènes de l’ordre physique.

C’est du moins l’objet principal, traité dans la section A (pp. 1-78). Nous nous contenterons de rappeler brièvement la conception de l’auteur : Un nombre illimité de points-centres de forces, répartis dans l’espace infini ; les forces répulsives et agissant en raison inverse du carré des distances. Rendre compte, dans un tel milieu, — l’éther, — de la conservation indéfinie de groupements spéciaux de ces points-centres de forces, — atomes physiques, — expliquer, avec ces seules hypothèses fondamentales, les phénomènes de la gravitation universelle, de la cohésion, de la lumière, de la chaleur, de l’électricité et du magnétisme, tel est le cadre tracé et que l’auteur a rempli en faisant preuve d’une connaissance approfondie de son sujet, d’une grande originalité de vues et d’une remarquable hardiesse de déduction. Mais à un pareil travail, qui nécessite un appareil mathématique assez considérable, il fallait avant tout autre chose encore : la rigueur absolue des raisonnements et des calculs. Or les deux premières formules analytiques (p. 11) que l’on rencontre se trouvent radicalement fausses, et nous nous croyons, par là même, dispensés d’un examen plus approfondi de cette partie de l’ouvrage.

La section B (pp. 79-104) précise le sens, relativement à la théorie de la connaissance, des hypothèses primordiales de M. O. Schmitz-Dumont. Elles n’ont nullement, pour lui, le caractère d’hypothèses ; ce seraient les formes logiques nécessaires et à priori, sous lesquelles seules l’analyse mathématique peut symboliser les relations de causalité dans le temps et dans l’espace. Nous ne reprendrons pas la critique des déductions de l’auteur, toujours entachées, à nos yeux du moins, des mêmes vices que nous signalions en 1879. Nous nous plaisons toutefois à reconnaître qu’il les a, en certains points, heureusement modifiées comme forme, et qu’en général son talent d’exposition est loin d’avoir faibli.

  1. Tome VII, p. 113 VIII, p. 468.