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ce sont les faits mentaux qui sont l’explication dernière de tous les phénomènes matériels. — Soit. Mon voisin ne sait ce qui se passe dans mon esprit que par des moyens physiques, et de même pour l’atome ; son petit fragment de vie mentale, il le manifeste pour l’atome voisin, à sa manière, c’est-à-dire par collision ou attraction ; mais l’impénétrabilité n’est pas sa propriété fondamentale, c’est simplement la façon dont son petit esprit se manifeste. Ce qui résulte de tout cela, c’est qu'il ne reste plus d’espace réel ; les rapports d’espace sont illusoires. L’auteur insiste beaucoup sur ce point, qu’il examine en grand détail, et il résume ainsi ses objections à la théorie de Clifford :

1o Cette théorie considérée comme une solution moniste est simplement la substitution d’un mot sans portée à un problème vivant.

2o Si elle réduit les choses physiques à des agrégats de réalités mentales simples, elle n’explique ni ces choses ni la conscience.

3o Elle est obligée d’expliquer tous les changements extérieurs par des changements dans l’intérieur de l’’atome-esprit individuel et s’embarrasse ainsi dans d’inextricables difficultés.

Après ce travail négatif, l’auteur promet d’examiner la question sous sa forme positive.

J. Sully. L’art de Georges Elliot. — Elle peut être appelée le romancier par excellence du home ; ses types sont toujours choisis dans la classe moyenne, sans vertus ni vices extraordinaires ; son procédé de composition a été exposé par elle dans le Moulin de la Floss. « Les sciences naturelles m’ont fait comprendre qu’il n’y a rien de petit dans un esprit qui à une vue large des rapports et à qui tout objet particulier suggère une vaste somme de conditions. Il en est certainement de même pour l’observation de la vie humaine. » Sans négliger le physique de ses personnages, elle s’attache surtout à leur moral, et, par une vue profonde de la nature humaine, elle se plait à exposer les inconséquences d’un caractère. Ces caractères sont éminemment concrets et individuels, et ses romans en représentent la genèse tout autant qu’ils en sont le produit.

On a beaucoup parlé de la valeur morale des écrits de G. Elliot, Il y a deux manières de donner un enseignement moral : proposer un idéal, affirmer un rapport entre les actes et leurs conséquences. La première manière est celle de Carlyle, la seconde celle de G. Elliot.

Grant Allen. La vue et l’odorat chez les Vertébrés. — En une certaine mesure, on peut dire que ces deux sens sont en raison inverse l’un de l’autre. Là où la vue est le sens intellectuel principal, l’odorat manque généralement ou est sans importance, et inversement. En montant dans la série animale, on remarque que la vue gagne toujours en importance, tandis que l’odorat a l’air de ne plus être qu’une survivance,

Le vertébré le plus rudimentaire, l’Amphioxus, n’a qu’un développement très imparfait de ces deux sens ; l’organe olfactif semble cepen-