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Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 14.djvu/242

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la fin poursuivie par la vertu. — Le second essai discute et affirme les titres du pessimisme à un examen scientifique. Horwicz à déjà réfuté cette thèse dans les Monatshefte; nous ne reviendrons pas sur ce sujet. — Le 3e essai, « Le pessimisme est-il une philosophie dangereuse ? » et le quatrième, sur « la signification de la souffrance », renferment, surtout ce dernier, d’ingénieuses analyses, des considérations élevées, et sont d’excellents chapitres de philosophie morale.

Benno Erdmann. Critique du jugement de Kant[1], Nouv. édition. Leipzig, Voss, 1880.

Benno Erdmann ne se contente pas de soumettre à une révision attentive, pénétrante le texte de la critique du jugement. Il joint à son édition un fragment du premier projet d’introduction que Kant avait écrit pour l’ouvrage, et que Beck nous a conservé en appendice dans ses Éclaircissements et extraits des œuvres de Kant. Ce morceau figure dans les éditions de Rosenkranz et de Hartenstein, sous le titre suivant : « De la philosophie en général. » — Signalons surtout l’étude que B. Erdmann a placée en tête de son édition et où il défend contre Paulsen son interprétation de la philosophie critique. Il persiste à en faire une sorte d’empirisme, oubliant que, si elle réduit sans doute aux données possibles de l’expérience l’application des formes à priori de la connaissance, elle se garde bien, comme le fait l’empirisme dans son dogmatisme naïf, d’accorder une réalité transcendante, une objectivité métaphysique au monde des phénomènes.

V. Hertling. Essais sur l’œuvre d’Albert le Grand. — Des trois essais qui composent la courte, mais substantielle étude du professeur Hertling, le premier contient la biographie d’Albert le Grand et un court tableau de l’activité scientifique de ses contemporains. — Le second, le plus intéressant des trois essais, essaye de déterminer la part qui revient à l’influence et aux écrits d’Aristote dans l’œuvre du philosophe chrétien. Il paraît bien qu’Albert le Grand n’a fait, d’un bout à l’autre des 21 in-folio, que comprend son œuvre dans l’édition Jammy, que paraphraser le texte d’Aristote. Il n’en a pas moins le mérite d’avoir professé pour les sciences naturelles une estime et un goût qui ne se rencontrèrent que rarement au même degré chez les autres docteurs du moyen âge. — Dans son troisième essai, Hertling caractérise la méthode et l’esprit des recherches scientifiques dans da philosophie naturelle d’Albert. Il y voit avec raison la tentative enfantine de découvrir les desseins de Dieu, plutôt que de s’attacher à connaître la nature pour la gouverner.

Stadler. Du rapport de la réflexion logique et de la réflexion scientifique. — La science, qui avait écarté les esprits de la philosophie pendant le second tiers de notre siècle, tend aujourd’hui à les y ramener. Les progrès des sciences-expérimentales ont éveillé l’attention du grand

  1. Voir sur le même sujet, le numéro de juin 1884 de notre Revue.