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REVUE GÉNÉRALE


CONTRIBUTIONS À LA PSYCHOLOGIE DES MOUVEMENTS[1]

I

Dr Stricker. Studien ueber die Sprachvorstellungen. In-8o, Vienne. Braumüller, 1880, 100 p.

La Revue a parlé précédemment de l’étude sur la conscience[2] par laquelle le célèbre anatomiste viennois a abordé les questions psychologiques. Les monographies dont nous allons rendre compte et qui ont paru durant ces trois dernières années se tiennent étroitement par le but poursuivi, la méthode de recherche et le procédé d’exposition. À nos yeux, l’un des grands mérites de ces « études », c’est que l’auteur a su employer simultanément l’observation intérieure et les données positives de l’anatomie et de la physiologie, contrôlant le subjectif par l’objectif et inversement. Enfin, prises dans leur ensemble, ces trois monographies forment un apport considérable à cette psychologie des mouvements que nous avons plus d’une fois réclamée, ou si l’on veut en termes plus simples, à l’étude des mouvements comme éléments intégrants et nécessaires de la vie psychique.

La première étude, dont le titre ne pourrait être traduit en français que par une périphrase, a pour but de déterminer, à l’aide de la psychologie, de la physiologie et de la pathologie, les éléments nécessaires pour constituer un mot, l’énoncer et le comprendre soit à l’audition, soit par l’écriture. Quelques passages empruntés à l’introduction donneront une idée de ce que j’ai appelé le procédé de l’auteur.

Lorsque je suis en repos, les yeux et les lèvres bien fermés, si je pense à quelque vers bien connu et que je considère mes organes vocaux, il me semble que je parle intérieurement. Mes lèvres sont closes, mes dents serrées, ma langue immobile ; avec la plus grande attention, je ne puis découvrir la moindre trace de mouvements dans les organes vocaux, et cependant il me semble que je prononce ce vers.

  1. Nous croyons pouvoir réunir sous ce titre commun trois études dont la liaison intime apparaîtra suffisamment aux lecteurs.
  2. Studien über das Bewusstsein : voir les numéros d’octobre 1879, p. 346, et août 1880, p. 129.