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un mouvement. Ce temps est divisé en cinq moments : 1o temps requis pour que l’appareil sensoriel périphérique convertisse la force vive qui agit sur lui, en excitation nerveuse (stade latent du stimulus sensoriel) ; 2o temps nécessaire pour conduire l’impression aux centres cérébraux ; 3o transformation centrale de l’excitation sensitive en excitation motrice ; 4o temps de la transmission motrice ; 5o temps de la contraction musculaire. Il faut bien remarquer cependant que ce sont des divisions artificielles ; dans la réalité, le processus forme un temps organique.

L’auteur expose les recherches faites sur ces diverses périodes, entre autres celles d’Exner sur la durée de la première phase (stade latent de l’excitation sensorielle), qui varierait de 0,0367 à 0,0213. Il insiste sur la durée de la transmission dans les centres nerveux, D’abord dans la moelle épinière (recherches d’Exner, Burckhardt, Franck et Pitres), le courant nerveux sensitif serait de 8 mètres par seconde seulement et de 10 mètres pour la transmission motrice (p. 82 et suiv.), vitesse très inférieure, on le sait, à celle de la transmission dans les nerfs. Dans le cerveau, le processus psycho-physique comprend la perception, l’aperception (c’est-à-dire le passage du champ visuel au point visuel) et l’impulsion volontaire. L’auteur adopte sur ce point la division de Wundt.

Le chapitre suivant étudie le temps de la réaction pour les divers stimulus sensoriels (vision, ouïe, tact, odorat, goût)[1].

En pénétrant plus avant, une question se pose : Est-il possible de calculer avec les méthodes chronométriques les intervalles psycho-physiques centraux ? de mesurer le temps nécessaire à l’organe cérébral pour transformer l’excitation sensorielle en impulsion volontaire ? Si la durée des processus purement physiologiques était connue, il ne serait pas difficile de faire cette détermination ; mais, par sa constitution même, le temps de la réaction ne se prête pas à ce travail éliminatif. Exner l’a essayé par des calculs plus ou moins hypothétiques qui n’ont pour notre auteur qu’une valeur très relative. Le « temps réduit », comme l’appelle l’auteur allemand (reducirte Reactionszeit), serait d’après sept sujets : 0,0828 ; 0,1231 ; 0.0775 ; 0.0901 ; — 0,02821 ; 0,9426 ; 0,2053. Les trois derniers nombres sont dus à des sujets maladifs, peu intelligents ou peu sûrs de leurs mouvements. Wittich, par une autre méthode d’élimination, arrive à 0,160 comme durée du processus central ; enfin Richet à 0,082. (Physiologie des nerfs et des muscles, p. 867.)

En ce qui concerne la durée du processus central pour les réflexes, beaucoup de recherches et d’obscurité (Helmholtz, Rosenthal, Wundt Richet, Franck et Pitres, Exner, René, Vintschgau, etc.). L’auteur attache une grande importance aux travaux de Charcot, Erb, Golgi sur le « réflexe tendineux » ou « phénomène du genou », que chacun peut faci-

  1. Ces résultats font été donnés plusieurs fois dans la Revue, notamment tome I, p. 267.