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ANALYSES.g. buccola. La legge del tempo, etc.

lement observer. Il suffit de croiser une jambe sur l’autre et de frapper sur la rotule avec un petit marteau. À chaque coup, le muscle triceps se contracte, et la jambe fait des mouvements d’extension plus ou moins brusque. Ce phénomène nous donne un exemple de l’extrême rapidité des réflexes. Elle serait, d’après Charcot et Brissaud, de 48 à 52 millièmes de seconde. Malgré le désaccord des chiffres et des interprétations, l’auteur croit pouvoir conclure que les réflexes ont un temps de réaction inférieur à ceux des actes psychiques les plus élémentaires.

D’une manière générale, les éléments nerveux de nature ganglionnaire opposent une certaine résistance aux excitations. Si à l’aide d’un courant électrique, on excite d’abord la substance grise du cerveau et ensuite la substance blanche dans les zones qui ont la propriété de provoquer des contractions musculaires, et si, à l’aide de la méthode graphique, on mesure le temps nécessaire pour la contraction, on constate que le retard est plus grand quand on excite la substance grise et qu’il se réduit notablement quand on excite la substance blanche. Comme les processus psychiques les plus élevés s’accomplissent dans la substance grise, il en résulte « que les intervalles psychophysiques doivent occuper une grande étendue dans la série chronologique ».

Le temps de la réaction n’a été étudié jusqu’ici qu’à l’état normal ; mais il y a des facteurs qui le modifient. L’auteur les classe sous quatre titres, sans donner d’ailleurs sa division comme autre chose qu’un artifice logique : 1o facteurs biologiques ou généraux (constitution organique et psychique de l’individu, degré de culture, race, âge, sexe) ; 2o facteurs psychiques (l’attention, l’exercice, la fatigue, certains états émotionnels) ; 3o facteurs physico-chimiques (intensité des excitations, qualité des excitations, substances toxiques, température) ; 4o modifications pathologiques (altérations des organes nerveux centraux, par exemple dans l’ataxie locomotrice).

Ici se place un chapitre sur la durée du processus psychique chez les aliénés, que l’auteur revendique avec raison comme lui appartenant tout entier et en propre. C’est le résumé de longues recherches faites par lui à l’asile d’aliénés de Reggio d’Émilie et plus tard à l’Institut psychiatrique de Turin. Il les range sous les titres suivants : 1o expériences sur les imbéciles et les idiots, 2o sur les déments, {3o sur les malades exaltés, 4o sur les mélancoliques, 5o sur les gens atteints de délire primitif systématisé (monomanie des anciens auteurs), 6o sur les épileptiques. Sauf dans quelques cas d’excitation maniaque, il y a toujours un retard plus ou moins considérable dans la durée des-perceptions. Ghez les imbéciles et les idiots, elle atteint même un degré très élevé.

Nous signalerons encore la nouveauté du chapitre suivant, « Le temps de la réaction et le sens de l’espace tactile. » Il y a une correspondance entre le temps de la réaction et le lieu où l’excitation est produite ; en d’autres termes, le temps physiologique n’est pas uniforme pour toutes les parties de l’organe excité. Déjà Kries et Auerbach avaient montré,