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variées. Dans le cours d’un jour, un homme fait un bien plus grand nombre d’observations, de jugements, etc., qu’un enfant. — En second lieu, nous remarquons qu’en général les opérations montrent un bien plus haut degré de perfection. Ainsi, dans les observations de l’homme fait, il y a beaucoup plus de discernement et d’exactitude ; en outre, elles se font plus facilement et plus rapidement. — En troisième lieu, on peut remarquer que les opérations de l’adulte sont dans leur ensemble plus compliquées ; elles consistent en des processus plus longs et plus difficiles que celles d’un enfant. Ainsi il exécute les processus laborieux de la pensée abstraite qui font défaut chez l’enfant..

Développement d’une seule faculté et de la somme des facultés. — Cet ensemble de changements qui constitue la croissance de l’intelligence semble présenter deux aspects. D’une part, nous voyons que les différentes facultés qui opèrent chez l’enfant se sont élargies et ont acquis une plus grande vigueur. D’autre part, nous remarquons que de nouvelles facultés, dont les germes sont à peine perceptibles chez l’enfant, ont pris de la force. Tandis donc que les facultés ont crû Chacune de son côté, il y a eu un certain ordre dans leur expansion, de sorte que quelques-unes sont devenues mûres avant d’autres.

Des observations analogues peuvent être faites au sujet du développement des autres côtés de l’intelligence, le sentiment et la volonté. Ici aussi, nous remarquons une grande augmentation dans le nombre et dans la complexité des phénomènes. Les émotions, les résolutions et les actions de l’homme sont plus variées et d’une nature plus complexe que celles de l’enfant. En outre, nous voyons que les différentes capacités émotionnelles et les puissances actives se sont fortifiées, tandis que d’autre part il y a eu une expansion successive de capacités et de puissances de plus en plus élevées.

Développement des facultés prises séparément. — Nous pouvons maintenant nous borner au côté intellectuel de l’intelligence et en considérer le développement sous chacun des deux aspects que nous venons de distinguer, c’est-à-dire le développement des facultés prises séparément et celui de la somme des facultés.

Le développement ou le progrès d’une faculté comprend trois choses ou peut être considéré sous trois aspects différents : 1o D’anciennes opérations deviennent peu à peu plus faciles et plus rapides exigent une excitation moins forte, un moindre effort d’attention etc. Ainsi, à mesure que l’observation est répétée, il devient plus facile de reconnaître le même genre d’objets, de se rappeler la même impression ; cela constitue le progrès d’une faculté dans une direction définie. — 2o De nouvelles opérations d’un même degré de complexité