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SULLY. — le développement mental

Développement psychique et physique. De même que pour étudier les opérations mentales à un moment donné nous sommes obligés de comprendre dans notre étude les concomitants nerveux, de même, si nous voulons étudier le développement mental, il faut nous demander quels changements dans l’organisme nerveux et plus particulièrement dans les centres cérébraux accompagnent ces changements psychiques.

Croissance et développement du cerveau. — Le cerveau comme toutes les autres parties de l’organisme, croît en masse ou grosseur et se développe où manifeste certains changements dans sa conformation ou structure. Les deux processus, croissance et développement, ne progressent pas avec une égale rapidité. La grosseur atteint à peu près son maximum vers la fin de la septième année tandis que le degré de développement structural atteint à cette période n’est pas de beaucoup supérieur à celui de la condition embryonique[1].

Par progrès dans le développement structural, nous entendons ici une plus grande dissemblance entre les différentes parties, ou un plus haut degré de « différenciation », et aussi un plus haut degré de complexité dans l’arrangement ou la formation de relations spéciales entre une partie et une autre.

Ordre du développement des organes cérébraux. — On peut encore noter un autre ordre de développement. Les structures supérieures ou hémisphères cérébraux semblent se développer plus tard que les structures inférieures (ganglions de la base, etc.). Ces structures supérieures semblent être plus complexes, c’est-à-dire présenter un arrangement plus compliqué en eux-mêmes et dans leurs rapports avec les autres structures que les centres cérébraux inférieurs.

Le cerveau, étant un organe en relation étroite avec le reste de l’organisme corporel, tendrait à croitre jusqu’à un certain point avec tout l’organisme et indépendamment de toute activité propre. Mais une telle croissance serait seulement rudimentaire. Comme tous les autres organes il croit et se développe par l’exercice. Cette loi physiologique est visiblement la contre-partie de la loi psychologique d’après laquelle l’exercice fortifie la faculté.

L’augmentation de la puissance cérébrale par l’exercice implique deux choses : 1o Toute activité cérébrale réagit sur la structure particulière qui y prend part, la modifiant par un processus inconnu et produisant une « disposition physiologique » subséquente à agir de la même manière. La manifestation la plus frappante de cet effet s’ob-

  1. Voyez Bastian, Le cerveau comme organe de l’intelligence, p. 375.