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en restera au principe polythéiste, qui est celui de toute religion naturiste. »

Au second degré, l’homme reconnaît l’existence de lois ou de conditions normales, dominant généralement le cours des choses ; mais il stipule en même temps l’existence d’une volonté supérieure à toutes ces lois de la nature et les modifiant au bénéfice de ceux qui lui plaisent. « C’est le point de vue du supranaturalisme monothéiste. »

En troisième lieu, il y a ceux qui reconnaissent que les lois des choses sont nécessaires, « coessentielles à la divinité elle-même. » — Ils n’ont donc pas la prétention de les changer et s’en remettent, « par un acte de foi implicite ou de confiance filiale, à la pensée toute-puissante, infinie en œuvre comme en durée, dont ces lois sont l’irradiation dans le temps et dans l’espace. »

Telles sont les vues élevées que, devançant l’examen complet des principales religions dont présent ouvrage ne contient que la première partie, M. Réville soumet à ses lecteurs comme conclusion de ses études sur les religions du monde non civilisé.

De l’œuvre elle-même, dont notre analyse a suffisamment fait connaître l’esprit et le contenu, nous n’entreprendrons point une critique détaillée. Cette critique serait d’ailleurs sans grande utilité. Le nouvel ouvrage de M. Réville est excellent de fond et de forme ; il comble une lacune, et il la comble de manière à laisser bien peu de chose à faire à ses successeurs. Nous ne méconnaissons sans doute pas la valeur du premier volume de la Mythologie comparée de M. Girard de Rialle, que nous avons précédemment recommandée aux lecteurs de la Revue philosophique ; mais l’auteur, pour les parties qu’il a en commun avec M. Réville, avait rangé ses données selon la nature des objets d’adoration, tandis que M. Réville les range selon les groupes ethniques, ce qui est tout autre chose.

Ces deux volumes, d’une lecture aisée et attrayante, renferment une masse énorme de données. Leur établissement suppose donc, en dehors d’une préparation spéciale, un travail de dépouillement considérable. On en peut juger par la bibliographie, placée par M. Réville en tête de ses principales divisions et qui, au lieu de se borner à une sèche énumération, caractérise les différents ouvrages quant à leur contenu et à leur valeur. Une table alphabétique facilite les recherches ; la table des matières est également d’une consultation commode, grâce aux sommaires qu’elle renferme. Ces sommaires sont répétés, dans le corps du livre, en tête des chapitres. Il est seulement regrettable que l’auteur n’y ait pas ajouté des titres courants. Nous lui demandons de le faire dans ses prochains volumes.

Maurice Vernes.

Weber (Johannes). Les illusions musicales. Paris, Librairie Fisbacher. In-12, 223 pages, 1883.

Le livre de M. Weber est un petit traité sur la psychologie de la mu-