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CH. FÉRÉ. — sensation et mouvement

duit d’autant plus facilement que le sujet est doué d’une hyperexcitabilité psycho-motrice mieux caractérisée.

Nous avons eu surtout en vue tout d’abord de mettre en lumière l’influence de l’excitation psychique d’où qu’elle vienne sur l’énergie des mouvements volontaires et en particulier de l’effort momentané. L’effort soutenu, la résistance à la fatigue mériteraient d’être considérés à part ; mais nous verrons aussi que leur dépendance des états psychiques peut être mise hors de doute.

Remarquons enfin que si l’activité psychique a une influence sur l’énergie des mouvements volontaires, les mouvements volontaires peuvent aussi avoir une influence sur l’activité psychique : un certain nombre d’individus se mettent instinctivement en marche lorsqu’ils veulent concentrer les efforts de leur intelligence, et chez quelques-uns l’effet du mouvement est assez marqué pour qu’ils puissent en rendre compte ; l’exaltation des manifestations de la mémoire a surtout été facilement constatée.

« Les mouvements rapides, dit Bain, produisent une espèce d’ivresse mécanique. Un organe, quelque petit qu’il soit, lorsqu’il se meut rapidement, tend à mettre à son pas tous les autres organes du mouvement. Dans une marche rapide, et plus encore dans une course, l’esprit est excité, les gestes et la parole s’accélèrent, le visage trahit une tension insolite. »

L’ensemble de ces observations nous montre que chaque fois qu’un centre cérébral entre en action, il détermine une excitation de tout l’appareil, par un processus encore indéterminé. Cette remarque a son importance au point de vue de l’hygiène et de la pédagogie, en mettant en relief l’utilité de l’exercice du plus de fonctions possible dans l’intérêt du développement de l’ensemble et de telle fonction particulière.

IV

La plupart des conclusions précédentes sont déduites d’expériences faites sur moi-même ; et j’ai pu les répéter sur un certain nombre de sujets sains, dont plusieurs médecins qui ont bien voulu se soumettre aux épreuves ; mais plusieurs résultats m’avaient paru trop peu caractéristiques, aussi ai-je eu recours, pour une démonstration plus catégorique, à des sujets qui offrent une excitabilité maladive et nous montrent un grossissement considérable des manifestations dynamiques. Les hystériques, et en particulier les hystériques hypnotisables, sont à cet égard des sujets de choix, et qui méritent bien d’être considérées comme les grenouilles de la psychologie expérimentale. Je rapporterai, comme exemple, ici une série d’expériences faites sur un sujet de ce genre.

Il s’agit d’une hystérique du service de M. Charcot, d’une grande hystérique hypnotisable. Elle est anesthésique double, mais avec prédo-