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minance à gauche ; une série d’explorations dynamométriques à l’état de veille, nous montre que sa force de pression est en moyenne de 23 pour la main droite et de 15 pour la main gauche. Cette force est peu considérable, surtout eu égard à la constitution, en apparence vigoureuse de cette femme ; mais on sait qu’en général les hystériques ont une faiblesse musculaire manifeste, surtout du côté où prédomine aussi l’anesthésie.

Les expériences ont été faites à des intervalles plus ou moins longs et toujours précédées d’une exploration dynamométrique permettant de constater que la moyenne n’était pas modifiée : la constance du résultat nous met à l’abri de toute cause d’erreur provenant de la volonté du sujet.

Les chiffres suivants nous paraissent suffisamment expressifs :

A droite A gauche
a. Force dynamométrique normale.
23 15
b. F. après vingt mouvements passifs de flexion des doigts de la main droite.
41 14
c. F. après vingt mouvements actifs semblables.
45 20
d. F. après avoir compté jusqu’à quarante-cinq.
44 24
e. F. après un effort pour additionner mentalement les deux nombres 366 et 374.
41 36

Ces chiffres montrent bien que, dès que l’intelligence intervient dans le mouvement, l’action dynamogénique de l’excitation qu’il a produite tend à diffuser du côté opposé ; et dans l’effort intellectuel, il y a une certaine tendance à l’équilibration de la force des deux mains.

A droite A gauche
f. F. après vingt mouvements actifs du membre inférieur droit (flexion des deux segments)
46 28

Cette expérience montre que l’exercice d’un membre inférieur a une action dynamogène prédominante sur le membre supérieur du même côté ; quelquefois même cette action est exclusive au membre correspondant. La synergie des deux membres du même côté est encore mise en évidence par ce fait, que lorsqu’on fait un effort de la main droite, par exemple pour serrer le dynamomètre, c’est dans le membre inférieur droit, et en particulier dans le triceps fémoral, que l’on éprouve une sensation de contraction qui quelquefois s’effectue réellement.

On peut peut-être légitimement conclure de ce fait que l’exercice d’un membre dynamogénie l’autre membre du même côté, en évoquant dans son centre psychique des représentations motrices, qui peu à peu diffusent du côté opposé. Nous pouvons indiquer à ce propos des chiffres qui montrent bien, comme nous le disions plus haut, le développement de l’énergie du mouvement sous l’influence de la représentation mentale de ce mouvement :