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plus à des états purement subjectifs les qualités secondes de la matière et même les qualités premières, comme la forme et la résistance. Il discute cette objection : qu’avec la théorie idéaliste, l’illusion ne se distingue plus de la réalité. Par exemple je m’imagine que je peux voler ; je m’adapte des ailes et je fais une lourde chute. Dans l’un et l’autre cas, il n’y a que des états de conscience. Pourquoi donc appeler le premier une illusion ? Parce que nous éprouvons une sensation ou une série de sensations qui contredisent nos idées ou croyances ; ce qui nous révèle l’illusion, ce n’est pas une réalité objective située en dehors et indépendante de nous ; mais c’est l’expérience sensible elle-même. La distinction entre le vrai et le faux est aussi valable pour l’idéaliste que pour qui que ce soit ; car nous avons non seulement des sensations, mais les pensées de ces sensations et ces idées ayant ainsi acquis une sorte d’indépendance, leur valeur ne peut être établie qu’en découvrant si elles correspondent à nos sensations, sont convertibles en sensations. — L’esprit n’est pas une entité mystérieuse, mais simplement ce qui pense et ce qui sent ; ce n’est pas une substance, mais un sujet. — L’idéalisme n’affecte en rien les vérités de la science ; il affirme seulement que toutes ces vérités sont des vérités d’expérience mentale (actuelle ou possible) mais qu’aucun des objets de l’esprit (ses expériences) ne peut expliquer l’esprit lui-même. — Le matérialisme qui n’est pas essentiellement différent du sens commun, est une manière de penser moins fausse que approximative. Il n’est pas l’antithèse de l’idéalisme, mais une manière de philosopher naïve et sans critique, tandis que l’idéalisme est la philosophie vraie, parce qu’elle éclaircit les idées.

Fullerton. Les arguments tirés de l’expérience contre l’idéalisme. Article conçu dans le même esprit que le précédent. L’auteur montre que la plupart des arguments dirigés contre Berkeley sont des contresens, que l’idéalisme ne contredit en rien le sens commun et qu’il n’a rien de dangereux pour la morale.

Payton Spence. Une nouvelle théorie des idées générales. L’auteur qui a déjà publié dans le même recueil deux articles originaux (Le temps et l’espace comme négations et Nouvelle Théorie de la conscience) dont nous avons rendu compte en leur temps, expose dans celui-ci une théorie qui lui est propre et d’après laquelle les idées générales ne seraient que des négations. De même que les affirmations et les négations, la conscience et l’inconscience se déterminent réciproquement, de même les perceptions et les notions (idées générales) se déterminent réciproquement. Un grand défaut des philosophes, c’est de ne pas considérer assez le côté négatif des choses.

L. Noiré. Le problème de l’anthropologie (trad.).

Philosophische Studien.
(Tome II, 4e fascicule.)

Wundt. Les antinomies cosmologiques de Kant et le problème de l’infini. Partisans et adversaires de Kant s’accordent à reconnaître dans