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elle-même qui puisse nous autoriser à lui donner cette propriété d’organisation et de systématisation que nous re userions à la matière. À ne consulter que les renseignements fournis par l’homme, on voit clairement que le système nerveux produit la finalité sans intervention de la conscience et que jamais la finalité n’est réalisée par la conscience sans l’intervention du système nerveux. Nous devons donc dans nos considérations générales de l’homme, attribuer tout d’abord une place prépondérante à l’action nerveuse par rapport à la conscience.

« La physiologie, dit M. Ribot parlant de l’état de conscience, nous apprend que sa production est toujours liée à l’état du système nerveux, en particulier du cerveau. Mais la réciproque n’est pas vraie ; si toute activité psychique implique une activité nerveuse, toute activité nerveuse n’implique pas une activité psychique. L’activité nerveuse est donc beaucoup plus étendue que l’activité psychique : la conscience est quelque chose de surajouté. »

Nous arrivons donc à concevoir l’homme comme un système imparfait d’organes reliés par le système nerveux et mis en harmonie, harmonie également imparfaite, avec d’autres systèmes semblables ainsi qu’avec le monde physique par ce même système nerveux, remarquant que certains phénomènes d’adaptation, parmi ceux qui se passent dans une partie de ce système nerveux sont accompagnés de phénomènes d’une espèce particulière appelés états de conscience. Tout nous porte à croire à priori que ces phénomènes ne jouent aucun rôle important dans le processus d’adaptation et de systématisation, il faut examiner de plus près s’il en est bien ainsi.

M. Ribot a clairement exposé et discuté la question dans le chapitre dont je viens de citer un passage ; il se range, avec quelques modifications, du parti des psychologues qui font de la conscience un phénomène accompagnant simplement certaines actions réflexes cérébrales. Mais M. Ribot accorde à la conscience plus d’importance que les partisans de cette théorie ne le font en général. La théorie que je vais exposer ici est, je crois, un peu différente de la théorie de l’automatisme et de l’automatisme modifié de M. Ribot ; tout au moins envisage-t-elle un autre côté de la question. On peut trouver que voilà bien des nuances, mais il faut d’autant plus préciser les questions qu’elles sont plus complexes et plus délicates, et l’on a dit avec raison que la subtilité était nécessaire au psychologue.

D’après toutes les données de la physiologie, on est en droit de croire que tout phénomène de conscience a un phénomène concomitant physiologique. Le problème est de connaître le rapport qui existe entre ces deux phénomènes, le phénomène psychique et le