Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 20.djvu/523

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


ANALYSES ET COMPTES RENDUS


H. Faye.Sur l’origine du monde, théories cosmogoniques des anciens et des modernes. — Seconde édition revue et augmentée. Paris, Gauthier-Villars, 1885, in-8o, XI-309 pages.

La faveur avec laquelle a été accueillie la première édition[1] de l’ouvrage de M. Faye, est un indice assuré que la nouvelle théorie cosmogonique qui s’y trouve exposée, constituera dans l’avenir, aux yeux du grand public, un des principaux titres de gloire du savant astronome. Cette théorie, qui commence à se propager, ne peut manquer d’intéresser les philosophes, et le livre de M. Faye sera d’autant plus précieux pour eux, qu’il renferme un précis des opinions cosmogoniques antérieures, précis tracé de main de maître et fournissant sur, un certain nombre de points historiques mal connus, des renseignements du plus haut intérêt.

Je ne m’arrêterai cependant pas longuement sur ce qui concerne les idées cosmogoniques de l’antiquité. Après une courte introduction où M. Faye affirme ses convictions spiritualistes, tout en précisant nettement les droits de la science, il prend le récit de la Genèse pour type des conceptions primitives, explique comment ces conceptions furent abandonnées par suite des progrès de la géographie et de l’astronomie, et, pour représenter les nouvelles idées cosmogoniques qui se formèrent, donne des extraits très bien choisis du Timée de Platon, du Traité du ciel d’Aristote, du Songe de Scipion de Cicéron, du poème de Lucrèce et des Métamorphoses d’Ovide.

Ces citations, accompagnées d’observations lumineuses, forment un ensemble attrayant et très instructif. Bien entendu, il ne s’agit point d’une histoire complète de la question, mais il y a là une mise en œuvre singulièrement habile des matériaux de cette histoire qui sont les plus complets et prêtent le moins à discussion. On doit seulement regretter que M. Faye récuse les témoignages si précis de l’antiquité et ne tienne aucun compte des travaux de Boeck, de Schiaparelli, de Th-H. Martin, alors qu’il attribue à Pythagore, comme doctrine secrète, le système de Copernic. On peut tout au plus reconnaître au Samien la Connaissance de la sphéricité de la terre ; Philolaos inventa un sys-

  1. Cette première édition, parue à la fin de l’année dernière, a été rapidement épuisée.