Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 20.djvu/661

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


REVUE DES PÉRIODIQUES ÉTRANGERS


Zeitschrift für Volkerpsychologie und Sprachwissenschaft.
13e vol. , 1, 2, 3, 4 ; 14e vol. , 1, 2, 3, 4 ; 15e vol. , 1, 2, 3, 4. (1881, 1882, 1883, 1884.)

H. Steinthal. Plan d’une nouvelle édition des œuvres de W. de Humboldt sur la philosophie du langage. — La bibliothèque de Berlin est entrée en possession de tous les manuscrits de W. de Humboldt qui traitent du langage. Ils contiennent des considérations générales sur l’essence et la formation des langues qui sont en relation très étroite avec la célèbre Introduction à la langue Kawi. Steinthal donne l’analyse de ces manuscrits et la fait suivre d’un traité incomplet de W. de Humboldt. La langue, dit W. de Humboldt, exerce une influence sur la manière de concevoir et de sentir d’un peuple ; elle a une individualité qui lui est propre et enveloppe une conception particulière du monde. La tâche du linguiste ne consiste donc pas seulement à reconnaître les formes multiples que l’homme donne aux langues créées par lui, à classer généalogiquement les langues, mais encore à examiner comment chaque langue agit sur la pensée et les sentiments du peuple qui la parle.

G. Simmel. Études psychologiques et ethnologiques sur la musique. — Article rempli de faits bien choisis, empruntés à l’antiquité et aux temps modernes, aux peuples civilisés et aux peuples sauvages. Darwin fait découler le rythme et la cadence oratoires de la musique ; il croit qu’avant de parler, l’homme a chanté comme les oiseaux. Jäger a remarqué qu’il n’y a aucune parenté entre le chant des oiseaux et la parole articulée, mais il trouve que le Jodel (chant inarticulé des montagnards) correspond exactement au chant des oiseaux. Simmel combat ces opinions. Les oiseaux expriment les sentiments sexuels, comme tous les autres, par le chant. Quant à l’homme, on ne comprend pas pourquoi il eût inventé une langue articulée, s’il eût pu s’exprimer au moyen de simples tons, ni comment aujourd’hui le chant ne serait pas aussi naturel à l’homme que la parole, ni enfin comment aucun peuple inférieur n’aurait conservé ce mode d’expression. L’enfant, dit-on, imite plutôt le chant que la voix. Cela n’a pas toujours lieu et d’ailleurs on explique le fait par l’impression plus vive que fait sur lui le chant