Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 20.djvu/7

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
3
BEAUNIS. — l’expérimentation en psychologie

se font avec la même facilité et dans les mêmes conditions. Du reste, je ferai remarquer que presque toutes mes observations ont porté sur Mme H. A. et sur Mlle A. E. (nos 14 et 15 de la liste) qui ne sont nullement hystériques. Ces deux dames se sont prêtées avec la meilleure grâce du monde aux expériences souvent fastidieuses, quelquefois même assez désagréables, auxquelles je les soumettais et j’ai été très heureux de les rencontrer, car il n’est pas toujours facile de trouver des sujets qui aient le temps et la bonne volonté nécessaires. Les expériences faites sur les hystériques n’ont porté, en général, que sur certains points de détail et, dans ces cas, j’ai toujours spécifié la personne qui faisait le sujet de l’observation.

Avant d’aller plus loin, je résumerai en quelques lignes les principaux caractères de l’état somnambulique tel que je l’ai observé chez les sujets dont j’ai donné plus haut l’énumération.

Chez ces sujets le sommeil hypnotique peut être provoqué par n’importe quel procédé ; dès que le sujet est endormi, il est en état de somnambulisme ; les membres conservent la situation que leur donne l’hypnotiseur et les mouvements qu’il leur imprime se continuent automatiquement.

Le sujet n’est en rapport qu’avec la personne qui l’a mise en état de somnambulisme pourvu que le sommeil soit assez profond ; il n’entend que lui et ne répond qu’à lui. Il obéit passivement à son hypnotiseur et à lui seul, et il peut en recevoir des suggestions (hallucinations ou actes) qui se réalisent au réveil.

Pendant son sommeil, l’hypnotisé se rappelle parfaitement ce qui s’est passé, soit pendant l’état de veille, soit pendant les sommeils provoqués antérieurs ; à son réveil, il a tout à fait oublié ce qui s’est passé pendant le sommeil provoqué.

Ces caractères essentiels du sommeil provoqué, je les ai constatés chez tous mes sujets ; chez tous, il y a eu ressemblance parfaite sur tous ces points ; les seules différences ont été dés différences de degré portant sur le plus ou moins de profondeur du sommeil et sur l’intensité plus ou moins grande de l’état somnambulique.

II

Avant d’étudier les phénomènes psychologiques que j’ai observés sur les sujets dont je viens de donner la liste, je dirai quelques mots des procédés employés pour déterminer chez eux le sommeil (et le réveil), en m’arrêtant spécialement sur certains points.