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Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 33.djvu/361

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charlton bastian. — attention et volition

qu’ils soient à l’existence de la chaîne, sont parcourus par l’esprit avec une rapidité telle que leur existence n’est presque jamais reconnue… C’est de cette dernière idée seule que la contraction est la conséquence. »

Après cette courte introduction, nous allons maintenant revenir à quelques-unes des conceptions plus modernes sur la nature de l’attention et de la volition.

II

Des relations qui existent entre l’attention et la volition

.

L’attention et la volition appartiennent l’une et l’autre à la catégorie des sensations actives, l’exercice de chacune d’elles étant accompagné d’un « sentiment d’effort ». L’attention est la faculté vraiment primordiale : la volition en est, partiellement, un développement ultérieur, dans lequel, toutefois, le processus primitif se laisse clairement découvrir.

L’attention peut être dirigée sur des impressions faites par les choses du dehors, c’est-à-dire sur des sensations ; ou encore sur leurs reproductions, ou idées ; ce dernier mode d’activité est connu sous le nom de « réflexion ».

Le mot même d’attention est tenu communément pour synonyme de « concentration de conscience ». Plus notre conscience est rétrécie, plus elle dirige, pour ainsi dire, son foyer sur un objet, sur une pensée, plus est aussi développé cet état d’esprit que l’on nomme attention. D’autre part, plus est vaste le champ de la conscience à un moment donné (plus est grand le nombre des objets ou idées simultanément présents), moins est développé cet état de l’esprit que l’on nomme attention. Ce mode d’activité est néanmoins appelé par Wundt[1] « aperception ». L’apparition d’un objet dans le champ visuel, il l’assimile à la perception ; mais quand cet objet devient considéré, lorsqu’il devient le point central, il y a ce que Wundt appelle « aperception », ce que d’autres appelleraient un fait d’attention[2]. À ce processus est toujours associé un sentiment particulier

  1. Suivant le prof. Cattell (Mind, t.  XIII, p. 438), le mot « aperception » fut introduit dans la philosophie par Leibniz pour désigner cette activité spontanée de l’esprit dans laquelle les perceptions sont clairement distinguées. Le mot a été aussi employé par Kant et par Herbart, bien avant que Wundt vint lui assigner un rôle si considérable dans sa Psychologie.
  2. Psychologie physiologique, t.  II, p. 231.