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Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 33.djvu/362

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d’effort. En fait, il s’accorde avec Fechner pour dire qu’il y a toujours le sentiment d’une tension dans les organes sensoriels correspondant à un acte d’attention externe, au lieu que, dans le fait de l’attention interne (réflexion) il y a une sensation semblable rapportée au cuir chevelu, spécialement dans la région occipitale[1].

Mais l’attention a des degrés variables de complexité ; elle est simple ou « spontanée » par exemple, lorsque nous recevons quelque impression sensorielle très vive ou très nouvelle, ou lorsque nous nous remémorons quelque événement extrêmement pénible ou agréable. Habituellement l’attention est produite, quelles que soient d’ailleurs les circonstances, d’une façon automatique, sans effort, et Ribot insiste sur ce point — à la suite de quelque état émotionnel[2]. D’un autre côté, l’attention peut être amenée d’une manière plus complexe, par exemple dans ces cas où elle paraît être indissolublement associée avec un acte de volonté ou une volition. C’est la phase la plus éievée on l’appelle « attention volontaire » ; elle est le procédé par lequel nous nous contraignons nous-mêmes à observer certains phénomènes externes qui, sans être en eux-mêmes d’un intérêt absorbant, nous intéressent cependant pour des projets ultérieurs. On peut dire encore : c’est la forme d’attention dans laquelle nous dirigeons nos pensées sur un sujet donné dans le but de développer la connaissance que nous avons de ses relations.

L’attention volontaire apparaît comme un composé, un mélange de deux états : volition et attention. Cela semble le plus clair du monde, si nous nous rappelons les deux sphères de volonté indiquées il y a bien longtemps par Locke. La direction de nos pensées est, en fait autant un mode d’activité volitionnelle qu’elle est la production ou le contrôle des mouvements selon des modes prédéterminés. Bien mieux, il arrive que le processus psychique précédant la production de toutes les actions volontaires quelles qu’elles soient diffère peu, si même il en diffère, quant à ses caractères essentiels, du processus qui est impliqué dans un acte d’attention volontaire (Wundh. Antérieurement., néanmoins, il y a dans la volition un autre important processus ; il y a une pesée, plus grande ou moindre, des motifs qui poussent à telle ou telle espèce d’action ; en d’autres termes, délibération plus ou moins longue. Cette délibération se termine par la domination de l’un ou de l’autre des motifs considérés, auquel généralement se trouve associée l’idée de quelque action à effectuer dans le présent ou dans le futur. Cette

  1. Voir aussi Ribot, Psychologie de l’attention, p. 28, 77 et suiv.
  2. Ribot, loc. cit., p. 17, 22, 43.