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Pour les chiffres, sur 11 très intelligents, 9 sont parmi les forts comme mémoire, 2 parmi les faibles ; pour les lettres, 5 très intelligents sont parmi les forts, 4 parmi les moyens et 2 parmi les faibles ; pour les monosyllabes, 8 très intelligents sont parmi les forts, 3 parmi les moyens, et il n’y en a aucun parmi les faibles ; pour les disyllabes, 10 très intelligents sont parmi les forts, 1 parmi les moyens, aucun parmi les faibles ; enfin, pour les trisyllabes, 9 très intelligents sont parmi les forts, 1 parmi les moyens, aucun parmi les faibles. Mêmes résultats en ce qui concerne les inintelligents : pour les chiffres, il y a 5 inintelligents parmi les faibles, 1 parmi les forts ; pour les lettres, il y en a également 5 parmi les faibles et 1 parmi les forts ; pour les monosyllabes, il y en a 4 parmi les faibles, 1 parmi les moyens, et 1 parmi les forts. Pour les trisyllabes, il y en a 2 parmi les faibles et 1 parmi les forts : mais il faut ajouter que c’est ici surtout qu’il y a eu des omissions lors du calcul des résultats et que ces omissions ont exclusivement porté sur les moyens et les faibles : donc tous les inintelligents laissés de côté appartiendraient aux groupes des moyens et des faibles. Ainsi donc il est incontestable qu’il existe un rapport étroit entre l’intelligence et la mémoire immédiate : ce n’est qu’exceptionnellement qu’on trouve un très intelligent parmi les faibles ou un inintelligent parmi les forts. Ces dernières exceptions peuvent tenir soit à ce que les deux aptitudes, quoique associées ordinairement, se dissocient réellement quelquefois, soit à un affaiblissement momentané de la mémoire immédiate et de l’intelligence, affaiblissement dû peut-être à un certain degré d’intimidation. Il resterait, il est vrai, à expliquer le cas où avec la puissance de mémoire se rencontre l’inintelligence ; ce cas ne s’est du reste présenté qu’une seule fois dans les observations que j’ai faites : c’est le même élève inintelligent qui, dans toutes les séries, a, malgré son inintelligence, fourni des résultats supérieurs à la moyenne.

Mémoires spéciales. — On peut se poser une dernière question : Y a-t-il trace parfois, dans les résultats constatés, d’une dissociation entre la mémoire des chiffres, celle des lettres et celle des mots ? Pour résoudre cette question, il suffira de rechercher les cas où quelqu’un, supérieur à la moyenne sur un point, est inférieur sur un autre.

Or on trouve que la dissociation, ainsi définie, se produit :

Entre chiffres et lettres 13 fois sur 105,

Entre chiffres et monosyllabes 13 fois sur 100,

Entre chiffres et disyllabes 12 fois sur 105,

Entre chiffres et trisyllabes 4 fois sur 73,