Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 53.djvu/10

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avec eux des pages entières 1. B Ainsi s’exprime un traité de mnémotchnie. Un autre traité formule la règle de la manière suivante « Réduire en formules courtes et substantielles. noter dans chaque formule le mot suggestif : associer tous ces mots entre eux et former ainsi une chaîne logique d’idées~ ». La préoccupation du mnémoniste ne sera donc plus ici de rattacher des images à des images, de manière que celle qui précède devienne capable d’amener mécaniquement avec elle celle qui suit. Apprendre consistera à se transporter en un point où une multiplicité plus ou moins considérable d’images apparaisse comme concentrée en une représentation unique, simple et indivisée. C’est cette représentation que l’on confiera à la mémoire. Alors, quand viendra le moment du rappel, on redescendra du sommet de la pyramide vers la base. On passera : de ce plan supérieur où tout était ramassé dans une seule représentation, à des plans de moins en moins élevés, de plus en plus voisins de la sensation, où la représentation simple est réfractée en images, les images en phrases et en mots. Il est vrai que le rappel ne sera plus immédiat et facile. Il s’accompagnera d’effort.

Avec cette seconde méthode, il faudra sans doute plus de temps pour se rappeler, mais il en faudra beaucoup moins pour apprendre. Le perfectionnement de la mémoire, comme on l’a fait remarquer bien souvent, est moins un accroissement réel de retentivité qu’une plus grande facilité à subdiviser, coordonner et enchaîner les idées. Le prédicateur cité par W. James mettait d’abord trois ou quatre jours à apprendre un sermon par cœur. Plus tard il n’en mettait plus que deux, puis un seul finalement une lecture unique, attentive et cmef !t/~gMe, lui suffisait3. Le progrès n’est évidemment ici qu’une aptitude croissante à faire converger toutes les idées, toutes les images, tous les mots sur un seul et même point. Il s’agit d’obtenir la pièce unique dont tout le reste n’est que la monnaie. Quelle est cette pièce unique ? Comment tant d’images diverses arrivent-elles à tenir implicitement dans une représentation simple ? Nous reviendrons sur ce point important à la fin de notre travail. Nous nous bornerons pour le moment à donner à la représentation simple, développable en images multiples, un nom qui la fasse reconnaître nous dirons que c’est un schéma dynamique. Nous entendons par là que cette représentation contient moins les images elles-mêmes que l’indication des directions à suivre et des opéra- . Audibert, 7’)’<<e de mnémotechnie générale, Paris, 1S40, p. 173. 2. André, Mnémotechnie rc~to~ne~e, Angers, 1894. . W. James, P)’tK( ;!p~M of P~c7<oZo~y, vol. I, p. 667 (note).