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Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 57.djvu/168

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Nous voyons donc qu’en biologie on admet aussi des infiniment petits, mais qui sont déjà d’une masse plus considérable que les atomes chimiques, puisque forcément eux-mêmes se composent d’un certain nombre, qui peut être, mathématiquement parlant, infiniment petit, d’atomes chimiques. Le protoplasma est doué de mouvements, et qui dit mouvement dit travail, et qui dit travail dit énergie ; or la physique démontre qu’il n’y a pas plus dans la nature création d’énergie que création de matière, donc il doit exister une cause de mouvement dans le protoplasma. Cette cause est une cause chimique, c’est la combinaison de l’oxygène de l’air et de quelques-unes des substances qui composent le protoplasma. Mais l’énergie dégagée par cette oxydation ne se révèle pas seulement sous forme de travail, mais aussi sous forme de chaleur, d’électricité, de lumière, d’influx nerveux. Comme nous le voyons, tous les phénomènes dont le protoplasma est le siège peuvent s’expliquer chimiquement. Mais le protoplasma se détruit continuellement et se transforme en matières inorganiques. Mais il faut qu’il remédie à cette désassimilation, pour cela il se nourrit, c’est-à-dire transforme de la matière inorganique en matière organisée, et c’est par ce pouvoir de transformer l’inorganique en organique que le protoplasma se distingue de la matière brute ou inorganique. Tout ceci sert à nous montrer le pont qui unit la matière vivante à la matière brute, et combien petite est la différence, entre la vie et l’absence de vie, ou ce que nous, vivants, nous appelons la mort.

L’électron physique. — La science physique, quoique n’ayant adopté l’hypothèse des atomes que plus tard que la chimie, a trouvé de nos jours dans la théorie atomique un point d’appui essentiel. Les atomes ont été introduits dans la physique par Clausias, mais ils ont fait, depuis ce temps, des progrès incessants, et ont servi à expliquer bien des choses en physique. Mais nous tombons ici de nouveau dans de nouvelles dissemblances, entre la théorie physique des atomes et la théorie chimique. Tandis qu’en biologie, l’unité infiniment petite était plus grande que l’atome chimique ; l’atome physique, lui, est plus petit que l’atome chimique ou ion. Sir William Crookes, une des célébrités de la science contemporaine, a fait une apologie, une vaste synthèse de la matière, au point de vue physique. La matière était d’abord dans l’état d’un brouillard sans forme, que l’on a baptisé du nom de protyle. A ce moment la matière était dans un état préatomique, potentiel, et l’idée d’unités, d’atomes électriques jaillit dans le cerveau de plusieurs savants et elle est arrivée de nos jours à être soumise à l’expérience. Cette charge définie, infiniment petite d’électricité, associée avec les idées de la matière fut