Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 57.djvu/170

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elle en est, pour ainsi dire, inséparable, et forme un tout complet avec elle. Et nous voyons ici une liaison possible, et même probable de la métaphysique et de la physique, encore un pas vers l’absolu, c’est-à-dire vers la diminution du nombre des sciences. En effet, plus nous avançons, plus nous voyons les sciences qui, en apparence, étaient à l’opposé direct l’une de l’autre, ne plus former qu’une partie, une branche de la même science. La biologie, par exemple, se rattache à la chimie et à la psychologie, la chimie se rattache par les infiniment petits à la physique et la physique se rattache à la métaphysique, c’est-à-dire à la partie la plus spéculative, la plus transcendentale de la philosophie. Le dynamisme, qui admet la force à la base de tout, qui n’admet par conséquent pas l’idée de l’infini dans l’espace, mais qui donne celle de l’infini dans le temps, n’est-il pas en fait parfaitement d’accord avec la science physique moderne qui cherche une unité de force pour expliquer tous les phénomènes et qui arrive presque à prouver l’existence de cet infiniment petit, doué d’inertie, qui s’appelle électron.

La physique moderne ne tend-elle pas à prouver que ces électrons s’accouplant de différentes manières arrivent à former les différentes substances, et que ces différentes substances se dissociant radient dans l’espace des fragments de matière, que par conséquent tout tend à retourner au primitif brouillard sans forme, au vague protyle, dans lequel pourtant existe éternellement la même somme de force. Ici s’arrête la physique, mais ici aussi commence cette partie de la métaphysique qui s’appelle la cosmologie rationnelle. Ici çommence à se développer dans toute sa grandeur la merveilleuse idée du Retour Éternel des choses et des gens.

Le monde est composé d’un nombre limité, quoique incommensurablement grand d’atomes, ou d’électrons, mais si grand que soit ce nombre, il doit forcément se produire qu’au bout d’un nombre infiniment grand d’années les mêmes combinaisons se retrouveront ensemble. Mais il est d’autre part très possible que les mêmes combinaisons partielles se reproduisent plusieurs fois. Les combinaisons d’un nombre donné d’atomes sont d’un nombre défini, avec deux objets on fait deux combinaisons, avec trois on en fait six, soit les trois objets désignés par les lettres a b c. Les combinaisons sont :

abc, acb, cab, bac, bca, cba.

Si l’on introduit un quatrième objet, le nombre des combinaisons, ou, pour mieux dire, des permutations sera 24 et ainsi de suite… aussi pour m objets on aura la formule :