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Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 57.djvu/171

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qui est la formule générale, nous voyons l’application qu’on peut en faire ; le nombre des atomes n’étant pas infini peut être égal à m et le nombre de combinaisons de m atomes groupés n à n est égal à la formule, ce qui nous fait voir que le nombre de combinaisons, quoique nous étant inconnu, existe mathématiquement. De plus, dans le monde force, les combinaisons doivent se suivre et s’enchaîner, ce qui fait qu’une combinaison n’en engendre pas une autre quelconque, mais une autre bien définie, que cette autre à son tour en engendre une troisième, et ainsi de suite jusqu’au moment où tout revient à la première combinaison, ce qui doit fatalement arriver au bout d’un temps plus ou moins long. Il est un point où peut-être nous divergeons avec les idées de Nietzsche ; nous disons peut-être, car le philosophe ne l’a pas exprimé, mais rien ne nous prouve qu’il ne l’ait pas pensé et ce point c’est celui-ci : La matière cosmique peut revenir plusieurs fois à l’état de protyle, avant de recommencer la première combinaison, car dans le protyle même différents courants peuvent se produire, d’où différents corps, d’où différents résultats, mais il est nécessaire et fatal que du protyle se dégage le système A de combinaisons et que ce système se reproduise à nouveau, le nombre des électrons étant fini, et le temps étant infini.

Nous arrivons donc à conclure que : en admettant les plus récentes hypothèses de la science, un seul système cosmologique est possible, et que ce système est celui du Retour Éternel, dans lequel, étant donné que le temps est infini, et que le nombre d’infiniment petits dont se compose la matière est déterminé, on en déduit que les mêmes systèmes de combinaisons doivent fatalement se reproduire.

On voit de même comment tout doit arriver d’une manière déterminée, et comment tout découlant des électrons, la matière organisée, et par conséquent les hommes doivent forcément exister un nombre infini de fois identiques, heureux ou malheureux. Mais selon Nietzsche la moyenne de la vie est dans le bonheur et il dit dans son Zarathoustra qu’il faut vivre : car toute joie veut l’éternité, veut la profonde éternité.


GEORGES BATAULT.