Aller au contenu

Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 67.djvu/462

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ments, que l’on trouve aussi bien dans l’attention que dans la reconnaissance d’une classe générale, sont pour une classe, pour une autre, etc. Ils constituent la « constante dynamique » de la reconnaissance, qu’elle soit cognitive ou affective, et de la généralisation, qu’elle concerne une connaissance ou une émotion. Ils forment ce « général » dans lequel l’objet particulier ou l’émotion particulière viennent se ranger. Des impressions ou sentiments peuvent être suscités sans qu’il y ait spécification en une émotion ou un sentiment concrets, ni attention à un objet ou une image particuliers ; tout comme un objet peut être reconnu comme appartenant à une classe sans que nous le reconnaissions, individuellement.

L’essentiel de ma théorie est donc que le processus de reconnaissance est exactement le même pour les connaissances et pour les sentiments. Et en adoptant la théorie « motrice » du processus de l’attention, nous trouvons que la généralisation au moyen de l’attention est, elle aussi, exactement identique dans les deux cas. Nous ne pouvons réduire ni le « général cognitif » au « général affectif » ni l’affectif au cognitif ; car nous devons trouver le fondement de l’un comme de l’autre dans le processus moteur de la réduction des particuliers au général.

V

Les considérations qui précèdent permettent de mettre en relief un dernier problème qui est fort important, et qui tient une grande place aussi bien en psychologie que dans la théorie de la connaissance. C’est la question relative à la nature et aux limites de ce que l’on appelle communément la « présentation »[1]. Devons-nous continuer à admettre la distinction traditionnelle entre sentiment et connaissance, qui conçoit comme cognitive toute présentation, et ne laisse place à aucune forme de présentation affective ? Ou bien pouvons-nous admettre qu’il y a une sorte d’organisation formelle du sentiment qui est présenté comme sentiment, et qui est sujet à

  1. La « présentation » en son sens le plus large, est tant qu’elle comprend la « représentation », de même que le mot allemand Vorstellung ; elle comprend à la fois la présentation originale et le souvenir.