Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 74.djvu/25

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et Plotin. Sans doute c’est un chrétien qui fait intervenir Jésus et le Saint-Esprit, la grâce et l’Eucharistie, les pratiques de tout genre et les prières, les anges, la Vierge et les Saints ; sans doute la part de Dieu est grande dans le travail qui amène l’union de l’âme avec lui ; sans doute encore les sciences sublimes et les discussions subtiles lui paraissent un mauvais moyen de s’élever à Dieu. Mais les formules plotiniennes abondent :

« Détournez-vous vraiment de vous-même et de toutes les créatures mortelles ; élevez vos esprits au-dessus de tout ce qui est créé, pour les fixer entièrement en Dieu… Au-dessus des sens, au-dessus de toute l’intelligence, dans le fond intérieur de votre âme, entrez en union avec Dieu…, vous obtiendrez plus que par toutes les paroles, par tous les exercices, par tous les moyens possibles (II, 344). L’âme, se voyant elle-même, voit Dieu dans son image (IV, 59). Dieu est notre origine et notre principe, c’est de Dieu, infiniment bon et infiniment grand, que nous sommes sortis par la création (IV, 100). L’affinité ou la parenté entre le fond de l’âme (mens) et Dieu est si ineffable que nul homme n’oserait et ne saurait en parler longuement (IV, 192). Le fond le plus intime de l’âme s’unit au fond le plus intime de la très haute divinité (IV, 255). Il faut que l’âme, dans ce qu’elle a de plus pur se soumette humblement à Dieu et avec un amour intime, un désir profond, qu’elle se transporte jusqu’à Dieu sans intermédiaire : voilà la seule et véritable prière (III, 10). La préparation prochaine, la plus pure pour la réception du Saint-Esprit, suppose la véritable abstraction, par laquelle on se détourne de tout ce qui n’est pas Dieu, la nudité intérieure, l’habitation de l’homme en son fond intime, l’unité (III, 17). La grâce, l’état de perfection la plus complète, non seulement est compatible avec la nature, mais rend l’homme naturel au suprême degré. L’homme surnaturalisé, divinisé, ne change pas de nature ; il reste homme, complètement homme, tout en devenant divin ; la nature est simplement élevée, exaltée par la puissance de Dieu (III, 97). Dieu se révèle à l’homme, quand la nativité divine s’opère (III, 237). L’homme doit se tourner vers les œuvres admirables et merveilleuses de Dieu, se prêter sans arrière-pensée à

    latines du xiiie siècle, trois œuvres de Proclus, de Providentia, de decem dubitationibus circa Providentiam de Malorum subsistentia, et que les Principes de théologie, abrégé de la théorie des trois hypostases, sont le fond du de Causis, utilisé et commenté par Albert le Grand, saint Thomas et bien d’autres.