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elle reste unie à Dieu qu’elle porte en elle et qui la réclame. Par la lumière éternelle, par la grâce, elle peut avoir une intuition immédiate de Dieu, d’où résulte le bonheur suprême. La purification, l’illumination, l’union avec Dieu sont comprises dans la vie parfaite, celle des déifiés, celle du Christ même[1].

IV

Ainsi la première classe des mystiques ne comprendra que des hommes occupés de perfectionner leur personnalité, supposant la présence en eux d’un être ayant toutes les perfections que l’homme peut concevoir et leur union avec cet être, qu’ils travaillent sans relâche à créer en eux, quelle que soit d’ailleurs l’opinion qu’ils aient de sa réalité objective. C’est par eux-mêmes que ces mystiques entendent produire le progrès qui leur permettra de croire, à de rares moments, qu’ils se sont unis à la perfection suprême. Et dans les groupes qu’ils forment, les bizarreries, les singularités, les troubles cérébraux, qui seront concomitants et ne seront jamais des causes, serviront à établir des espèces ou à distinguer les individus.

Dans la seconde classe de mystiques où entrent, avec des esprits philosophiques, les adeptes des religions, révélées ou non, les hommes qui y tiennent le premier rang sont en accord avec ceux de la classe précédente, pour la conception de l’idéal à réaliser en eux et de l’idéal avec lequel on doit s’unir. Les derniers qui y entreront poursuivront encore, par certains côtés, le progrès de leurs facultés naturelles et ils auront l’idée d’une perfection supérieure

  1. Mlle Maria Windstosser, Étude sur la Théologie germanique, suivie d’une traduction française faite sur les éditions originales de 1516 et de 1518, I vol. in-8 de xi-218 p., Paris, F. Alcan. C’est une thèse de doctorat d’Université (Revue internationale de l’Enseignement du 15 mars 1912, p. 269-271). La première partie comprend cinq chapitres : I. La Théologie germanique (les manuscrits, les éditions, les travaux auxquels elle a donné lieu, le titre, l’auteur) ; II. Plan et Analyse de la Théologie germanique (Théologie, morale, syndérèse ou état de l’âme humaine avant son union avec Dieu) ; III. Sources auxquelles l’auteur de la Théologie germanique a puisé ; IV. Influence de la Théologie germanique sur la réformation religieuse du xvie siècle ; V. Influence de la Théologie germanique sur la pensée postérieure. La seconde partie est la traduction de la Théologie germanique, faite sur les éditions originales et précédée des deux préfaces de Luther de 1516 et de 1518.