Page:Ricard - Précis de la mythologie scandinave.djvu/46

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le marteau retrouverait son possesseur à quelque distance qu’on l’eût lancé. Loin d’en dissimuler l’inconvénient, il lui fit observer que le manche en était un peu court, mais qu’en revanche il pourrait le cacher sur son sein, si bon lui semblait.

L’arrêt que prononcèrent les dieux fut en faveur de Brokkr, qui, ayant gagné la gageure, réclama la tête de Loke. Ce dernier voulut entrer en pourparler, mais le nain refusa d’entrer en négociation. « Eh bien ! prends-moi si tu le peux », dit-il à Brokkr, mais il disparut aussitôt, car il portait des bottes qui lui permettaient de faire en un pas sept lieues. Le nain eut recours à Thor, en le priant de saisir le fuyard. Mais bien que celui-ci fût rejoint et retenu, Brokkr ne réussit pas à s’emparer de la tête de Loke, qui s’esquiva en disant qu’il lui accorderait bien la tête, mais qu’il ne lui cèderait pas le cou.

Le nain saisit alors une aiguille enfilée et un couteau, dans l’intention de lui percer les lèvres d’abord, et de lui coudre ensuite la bouche ; mais le fer s’émoussa. « Ah ! si j’avais seulement l’alène de mon frère », s’écria-t-il ; à peine ces paroles furent-elles proférées, que l’alène parut, et à l’aide de cet outil, il réussit à coudre la bouche ambiguë de Loke.