Page:Ricard - Précis de la mythologie scandinave.djvu/47

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Ce serait peine inutile que de se perdre en conjectures sur les allusions énigmatiques que renferme ce mythe, qui d’ailleurs n’appartient qu’aux contes bleus de l’Edda prosaïque ; mieux vaut-il pénétrer jusqu’au fond de la poésie mystérieuse de l’ancienne Edda ; il y a là de quoi fouiller. La bague de Draupnir est celui des trois objets merveilleux qui réclame d’abord notre attention ; nos ancêtres ont-ils peut-être pensé à la lune dans ses différentes phases ? C’est peu probable, car ils avaient l’esprit trop méditatif pour y songer. Aussi pour en trouver une solution satisfaisante, il ne faut pas vouloir expliquer un mythe séparément, ni en détacher une seule image, car ce n’est que dans l’ensemble que se manifeste la vérité. La bague que reçut Odin, il la posa en don funèbre sur le bûcher de Balder, et celui-ci, étant descendu dans les sombres demeures de Hel, la renvoya à Odin en souvenir du temps heureux où il avait secondé son père dans l’entretien du monde, et pour lui remettre en mémoire, à lui le conservateur de la création, de ranimer la nature. Donc, si la bague d’Odin est l’image de la fécondité de la nature, ce symbole s’applique d’autant mieux à la fécondité de l’esprit, à l’émanation des idées, à la série continue des événemens historiques.