Page:Ricard - Précis de la mythologie scandinave.djvu/48

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Dans la fiction de la lance d’Odin, qui porte le nom de Gungner, on a voulu reconnaître un météore augurant la guerre. Il est inutile de nous perdre dans les nues pour en trouver une explication convenable. La lance a été, dès les temps les plus reculés, le symbole de la puissance et de la domination. Quand Odin met cette arme entre les mains des héros, il leur suggère l’idée belliqueuse qui fait éclater la flamme de la guerre, l’idée de la gloire qui inspire des exploits héroïques. Si la lance est le symbole de la domination, il faut bien que le marteau soit celui de la force ; cet attribut appartient à Thor, le dieu de l’orage ; et la foudre qui en éclatant fait sauter les rochers les plus durs, qui fend la montagne inaccessible, afin que les hommes y puissent parvenir pour entreprendre l’œuvre de la cultivation, nous fait penser au marteau que lance ce dieu contre les géans, contre la nature inculte et stérile, qui s’oppose à toute tentative de culture ; enfin, contre les esprits récalcitrans qui repoussent l’influence atténuante des sciences, de l’art et de l’industrie. Quant à la chevelure de Sif, on l’a comparée au blé verdoyant que coupe la faux des moissonneurs au moment propice de la récolte ; mais la comparaison n’est pas tout-à-fait exacte, car c’est à Frigg, l’épouse