Page:Ricard - Précis de la mythologie scandinave.djvu/58

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més, les arbres, les métaux même fondirent en larmes — qui ignore que les métaux pleurent en passant du froid à la chaleur ? De retour de leur mission, les messagers passèrent devant une grotte où était assise une géante. Elle s’appelait Thoek. Ils lui adressèrent la prière que personne n’avait refusée, mais elle leur répondit : « Thoek ne veut pleurer la mort de Balder qu’à larmes sèches ; s’il meurt ou s’il vit, je m’en soucie peu ; que Hel garde son trésor. » On prétend que la géante n’était autre que Loke ; ainsi arriva-t-il que le plus grand des malheurs des dieux leur vint de sa part.


Tout en examinant les mythes précédens, nous avons réussi à entrevoir la vérité physique aussi bien que la vérité éthique que renferment les poésies de l’Edda, et nous ne tarderons non plus à déchiffrer le sens moral et physique de ce dernier mythe. Il y en a qui ne saisissent que le côté spirituel de la fiction, disant que Balder ne peut être que l’expression sublime de l’éclat qui entoure la vie, conçue par une âme innocente dans l’auréole de l’éternité, éclat qu’une fatalité doit avoir terni bientôt. Balder est l’image de l’innocence et de la candeur de l’enfance, sa mort est la fin de l’âge d’or de