Page:Ricard - Précis de la mythologie scandinave.djvu/59

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l’humanité, et ce dieu tant pleuré ne reviendra qu’à la régénération de l’innocence. Sans vouloir en quoi que ce soit démentir cette opinion, il ne faut pas non plus mépriser une solution en effet moins sublime, mais toute aussi positive, à savoir celle-ci : il s’agit d’appliquer l’image à la succession des quatre saisons, à la clarté de l’été, suivie des sombres jours du mois de décembre, à la rude saison qui a tué la vie de la nature. Rien n’empêche que Balder ne soit tout aussi bien la lumière rayonnante de la belle saison ; Hoeder, le frère aveugle qui avait choisi sa place à l’extrémité du cercle, représente alors l’obscurité dans laquelle se termine l’année, tandis que Vale, le vengeur de la mort de son frère, ne peut être que les rayons printaniers du nouvel an. L’image est assez grande pour renfermer à la fois deux idées qui en beauté ne se le cèdent en rien, et pour être le symbole des deux vérités également incontestables, qui se rencontrent d’ailleurs sans s’en apercevoir, car la lumière est toujours invariable.

Si Balder est l’image de la lumière de la nature, combien plus ne doit-il pas être celle de l’âme et du cœur, la clarté de l’innocence, de la chasteté, de la douceur. Cette combinaison d’idées était particulière à l’antiquité ; les Perses, par ex-