Page:Ricard - Précis de la mythologie scandinave.djvu/64

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On ne doute pas que l’impression imposante que produisent les révolutions de la nature sur l’esprit humain ne soit l’idée principale de ce mythe ; les convulsions de Loke nous indiquent au surplus de quelle espèce de phénomène il s’agit. La cascade glaciale s’élance du haut de la montagne, comme le venin du serpent que Skade laisse tomber sur le visage de Loke ; Sygin que la fidélité retient à son côté sur le bord des sources thermales, détourne le torrent de la glace, mais il est inévitable que celui-ci ne tombe parfois sur le feu souterrain, ce qui fait trembler la terre. Celui dont l’esprit sait embrasser ce grand tableau de la nature, y trouvera aussi l’image de la vie humaine, car les terribles révolutions de la vie jaillissent de la même source. Mais la fidélité, la mansuétude et la bénignité de la femme sont là pour adoucir la puissance de la secousse ; elle y est pour détourner avec l’éloquence sublime de son âme intacte les explosions violentes de l’esprit, afin d’apaiser la mer agitée des passions.

Aussi a-t-on besoin de chercher longtemps pour trouver des familles dont le bonheur soit troublé de crises affreuses, provoquées par les crimes du chef, pendant que l’héroïsme domestique de la femme soulage la misère, essuie les larmes et