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Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 2.djvu/111

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de tant de nations diverses ; de ce peuple féroce, impitoyable, et devenu tout-à-coup humble et miséricordieux ; les gémissemens succédant aux cris de la rage homicide ; les accens mélancoliques de la prière aux transports des passions violentes, auraient ému l’être le plus insensible, et prouvé la puissance de la religion aux plus incrédules.

C’est pour gémir et prier que l’Europe a vu ses enfans déserter ses villes opulentes, ses campagnes fertiles. D’un million d’hommes sortis de son sein, à peine quelques mille sont arrivés au but du voyage. Leur misère est sans égale, mais elle sera de peu d’instans, comme la vie ; et la splendeur sans fin de la gloire des cieux entourera bientôt les héros chrétiens. Leur abaissement d’un jour sera suivi de l’éternité du triomphe. Ils ont tout quitté pour suivre le Christ : patrie, enfans, amis ; ils souffrent, ils gémissent ; mais leurs larmes