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Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 2.djvu/153

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nous bravons tout pour l’amour du prochain, et sans difficulté nous prendrions de l’argent dans la poche d’un lépreux, s’il le fallait pour son salut éternel. » Il dit, bénit la malade, et s’éloigna priant déjà saint Lazare de la délivrer de ses maux. Elle courut sur le moine en criant, au voleur ! Le saint homme s’arrêta :

« Pécheresse, lui dit-il, n’est-ce pas pour te rendre la santé que j’emporte cet argent ; et quand même je l’emporterais pour moi, n’est-ce pas pour l’Église que les Croisés sont venus conquérir des royaumes ? Ces royaumes leur ont été donnés par le Pape. Toi, tu conquiers des aumônes, et ces aumônes, le Pape ne te les a pas données : donc elles sont à lui, c’est-à-dire à nous, par conséquent à moi. Qu’as-tu à répondre ? »

Laurette ne répondit rien. Elle se souvint des leçons du moine, de l’âne du vilain et de la justice d’Alais. Ce