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Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 2.djvu/169

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si tu as une mère ou des enfans, ou une sœur, que puissent atteindre mon infortune, je t’en conjure en leur nom, au nom du Dieu dont tu portes le signe sur l’épaule, Croisé, vainqueur des ennemis de la foi, viens à mon aide ; donne-moi les moyens de me délivrer de cette lèpre qui me dévore, et gagne le ciel au prix d’une aumône au malheur.

« — Hélas ! lui répartit Florestan, tremblant sur ses jambes affaiblies, tu m’implores et tu me tues ; le vent du désert me portera ton mal horrible ; lépreuse, si ton sort affreux n’a point endurci ton cœur ; si tu as un père ou un frère, Croisés comme moi, et qui puissent être jamais devant la porte d’un lépreux, hors d’état de s’enfuir à cause de leur fatigue et de leurs blessures ; lépreuse chrétienne, car je vois que tu l’es aux louanges que tu fais du Dieu qui t’éprouve, je t’en conjure, fuis, ou du moins passe sous le vent, et ne perds